Annales des Mines (1890, série 8, volume 18)
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AVEC LES CONSTRUCTIONS NAVALES.
648 L'INDUSTRIE MÉTALLURGIQUE DANS SES RAPPORTS
Travail des tôles de coque à chaud et à froid; ditions de réception et d'épreuves.
con-
Les tôles expédiées
par les usines aux chantiers de constructions navales doivent y être soumises à une série d'opérations plus ou moins compliquées. Les feuilles sont d'abord soumises à un planage et à un cintrage destinés à leur donner la courbure verticale et horizontale qui leur permet de prendre leur place dans le bordé du navire. La plus grande surface de ce bordé peut être ainsi façonnée à froid,
mais il n'en est pas de même de quelques parties à forte courbure et à brusque changement de direction. Pour obtenir cette façon, un travail à chaud est nécessaire, et on sait combien, pour l'acier, ce travail à chaud, et surtout le refroidissement qui le suit, présentent de difficultés. On remédie, il est vrai, le plus souvent, par des
recuits appropriés, au trouble apporté clans la structure du métal par ces diverses opérations ; elles n'en exigent pas moins une qualité spéciale, et la marine s'est toujours préoccupée de soumettre les tôles qu'elle emploie à des conditions sévères d'épreuve et de réception. Cette matière est aujourd'hui réglée par la circulaire ministérielle du 9 février 1885, concernant « la classification des tôles et barres profilées en acier, et les
instructions relatives à leur emploi et aux épreuves à leur faire subir, pour leur admission en recette. » Un examen sommaire de cette circulaire doit nécessairement trouver place ici (*).
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La marine soumet aujourd'hui les tôles qu'elle emploie:
lu à des épreuves à froid ; 20 à des épreuves à chaud ; 3° à des essais de trempe. L'épreuve à froid consiste essentiellement dans l'essai à la traction d'une barette dont le petit côté a l'épaisseur de la tôle et dont le grand côté présente des dimensions variant avec l'épaisseur de la feuille elle-même. La longueur de la partie prismatique soumise à la traction doit toujours être exactement de 20 centimètres; on prend d'ailleurs pour la préparation de cette barrette, son repérage et le fonctionnement régulier de la
machine à essayer, des précautions analogues à celles qui sont prescrites par les compagnies de chemins de fer ;. elles sont connues, et les ingénieurs qui voudraient exa-
miner en détail celles de la marine, les trouveront dans la circulaire ministérielle elle-même. Ce qu'il importe de bien étudier en pareil cas, c'est le chiffre de la charge de rupture et de l'allongement correspondant. Ce chiffre varie de 47 kilogrammes pour 'les tôles de 1 nim,50 à 2millimètres d'épaisseur, à 42 kilogrammes pour les tôles de 20 à 30 millimètres ; la circulaire ne prévoit pas d'épaisseur supérieure à 30 millimètres, et nous avons vu
qu'en fait, pour les coques, cette épaisseur n'est pas actuellement dépassée ; les allongements, correspondant à ces limites extrêmes de la charge de rupture, sont de 10 et de 24 p. 100. Pour les épaisseurs de 8 à 20 millimètres, celles que la construction maritime emploie le plus ordinairement, le chiffre de la résistance est de 42 kilogrammes avec 22 p.
100
pour l'allongement corres-
pondant.
(*) Cette circulaire a été légèrement modifiée par une nouvelle circulaire du septembre 1887. Nous avons tenu compte de cette modification dans nos commentaires de la circulaire primitive. La circulaire du 9 février 4885 ne s'applique qu'à la construction des navires de guerre, et des paquebots destinés à faire
partie de cette flotte, à titre auxiliaire, en cas de mobilisation. Les fers et aciers entrant dans les autres navires de commerce
sont aussi soumis à une réglementation, émanant de sociétés (le
Bureau Vérilas en France, le Lloyd's regisler en Angleterre), qui rendent aux armateurs des services analogues à ceux qui sont demandés dans nos usines aux associations pour la surveillance des appareils à vapeur. Les conditions d'épreuve et de réception imposées par ces sociétés sont à peu près les mêmes que
celles de la Marine nationale. Nous ne nous y arrêterons donc pas.