Annales des Mines (1891, série 8, volume 19)
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EXPÉRIENCES SUR LA SÉDIMENTATION.
EXPÉRIENCES SUR LA SÉDIMENTATION.
l'avoir rempli de liquide et avoir ajouté le solide dans des conditions déterminées, on agite fortement afin de bien mélanger, on suspend dans une étuve de d'Arsonval vi-
trée maintenue à température constante et on mesure, à différents moments, la position de la nappe formée. On ne saurait prendre trop de précautions pour ces expériences; la plupart d'entre elles ne pourraient guère réussir à l'air libre car les variations de température, les secousses troublent le phénomène ; la dimension du tube, son épaisseur apportent des modifications notables. Loin de croire avoir épuisé le sujet, je me bornerai à exposer ici une série d'expériences très soigneusement exécutées qui, avec les nombreux tâtonnements qu'elles ont exigés, se sont prolongées au delà de trois années et qui, je l'espère, serviront comme autant de jalons à l'étude complète du problème de la sédimentation, si difficile et si important puisqu'il a pour objet la genèse des roches sédimentaires et la théorie de l'histoire de la terre.
Historique. - L'étude de la sédimentation a donné lieu à un nombre considérable de travaux ; chaque auteur
a attribué un rôle prépondérant à un agent particulier, viscosité du liquide, température, électricité, actions chimiques ou autres. Toutes ces causes possèdent une influence, mais la prépondérance de telle ou telle d'entre elles me paraît dépendre, en grande partie, des circonstances générales dans lesquelles s'accomplit le phénomène. Je me bornerai à résumer quelques-uns des travaux les plus récents. En 1874, M. Durham(*) remplit d'eau distillée pure des flacons en verre de la capacité d'un demi-litre environ le long desquels il avait collé des bandes de papier divisées (") William Durham F. R. S. E., Suspension of clay in water, Chemical News, t. XXX, p. 57, 187i.
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en parties égales ; il ajoutait dans chacun d'eux un même poids d'argile blanche, agitaitfortement,laissait déposer et notait la hauteur à laquelle, après un temps connu, il commençait à distinguer par transparence, à travers le liquide trouble, les chiffres inscrits sur les bandes. Il constate que le pouvoir possédé par l'eau de soutenir l'argile est graduellement détruit par l'addition de faibles quantités d'alcalis. Il considère « comme extrêmement probable que l'argile en tombant à travers l'eau engendre par frottement de l'électricité et comme l'eau est un mauvais conducteur, la différence de potentiel entre elle et l'argile
continue à exister pendant un certain temps, de sorte que les deux substances s'attirent mutuellement. Mais quand on ajoute de l'acide ou un sel, le liquide devient bon conducteur, les potentiels s'égalisent et l'argile tombe.
D'autre part, avec l'alcali, quoique le liquide soit alors meilleur conducteur, il devient en même temps meilleur générateur d'électricité et c'est seulement lorsque, par l'addition d'une quantité considérable d'alcali, le pouvoir conducteur l'emporte sur le pouvoir générateur que les potentiels sont égalisés et que l'argile descend au fond du vase.»
En définitive, d'après M. Durham, l'agent prépondérant dans le phénomène de la sédimentation est l'électricité.
M. Sidell (*), cherchant à mesurer la rapidité avec laquelle s'effectue la sédimentation à l'embouchure du Mississipi, avait fait quelques expériences sur des solutions
de sel marin, de sulfate de soude et d'alun, et il avait observé que le dépôt des poussières minérales fines s'y opérait beaucoup plus rapidement que dans l'eau pure. M. E.-W. Hilgard avait attribué ce phénomène, au moins (*) Sidell, Appendice A. Ilumphrey's and Abbot's Mississipi Report.