Annales des Mines (1891, série 8, volume 19)
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134 DANGERS DE .L'EMPLOI DES BOULONS A CHARNIÈRE
plat qui vient s'appliquer et former joint contre une bride de même diamètre portée par le corps du récipient; pour que ce joint puisse s'établir ou se démonter rapidement, on le serre au moyen de boulons adaptés à charnière autour de l'orifice à fermer, et que l'on rabat dans des encoches qui se correspondent sur le pourtour de l'obturateur et sur celui de la bride fixe ; dans l'intervalle, on place une rondelle ou un boudin de caoutchouc, et on opère le serrage au moyen d'écrous qui viennent s'appuyer sur le bord de la porte ou du couvercle.
On conçoit qu'un pareil système se prête à des ma- noeuvres rapides ; mais, à côté de cet avantage, il présente
un double danger lorsque la pression intérieure est quelque peu considérable : en premier lieu, sous l'influence de cette pression, l'obturateur tend à se bomber et à prendre à la fois une flèche plus grande et un diamètre moindre, ce qui porte son bord à glisser au-dessous des écrous appliqués contre lui ; en second lieu, ce mouvement est favorisé par l'intercalation, entre les deux surfaces planes en présence, - du boudin ou de la rondelle en caoutchouc, c'est-à-dire d'une substance manquant de fixité et d'adhérence. Et comme le bord de la porte ou du couvercle n'est pas retenu par les corps des boulons, il arrive parfois que la pression des écrous est insuffisante pour le maintenir ; il se dégage alors de ceux-ci et l'obturateur est projeté à distance. Lorsque cela arrive, on constate souvent que les boulons à charnière ont résisté, au moins pour le plus grand nombre, et qu'ils ont été seulement rabattus à l'extérieur du récipient. On s'explique d'autant
mieux cet effet que, par suite du bombement du diaphragme, son bord, qui n'est pas en contact immédiat avec la bride fixe, mais en est séparé par une certaine épaisseur de caoutchouc, prend une conicité en raison de
laquelle les boulons commencent à se déverser au dehors ; il peut même se faire que cette conicité existe au
POUR MAINTENIR LES OBTURATEURS AMOVIBLES. 135
préalable dans une certaine mesure, comme conséquence de l'action énergique et prolongée des écrous en porte-àfaux sur le pourtour de l'obturateur. Dans tous les cas, on conçoit que la pression de la vapeur puisse déterminer la projection de la porte ou du couvercle sans rupture de ses attaches, grâce au bombement de sa partie centrale, à la déformation par conicité et au glissement de son bord entre le caoutchouc et les écrous qui assurent le joint, enfin au renversement des boulons à l'extérieur de l'appareil. C sont a précisément les phénomènes qui ont accomarelil.
pagné l'explosion de Roanne. Dans le but de les suivre dans leur développement, et aussi d'en donner une démonstration complète, nous avons eu l'idée de les reproduire expérimentalement en agissant par pression hydraulique sur un obturateur identique, comme forme et dimensions, à celui du récipient de la teinturerie Ferlat. Ces expériences ont eu lieu dans les ateliers de la compagnie du chemin de fer de Paris à Orléans, et elles nous ont donné les résultats les plus concluants. Depuis lors, il s'est produit, à notre connaissance, six autres explosions du même genre, dont plusieurs ont eu de très graves conséquences. Frappés de cette succession d'accidents, tous dus à des causes analogues, nous avons jugé
qu'il serait intéressant de faire connaître par cette note
les résultats de nos opérations. Auparavant, nous donnerons un récit sommaire des divers accidents dont nous venons de parler, en commençant par celui de Roanne.
Accident du 4 octobre 1888. Teinturerie de iii.-Ferlat, à _Roanne (Loire). - Le récipient, appelé évaporieuse, était de forme cylindrique (fig. 1 et 2, PI. III), avec diamètre intérieur de 1'1,35, et reposait horizontalement sur deux tréteaux en fer. Il était fermé à l'avant par une Porte circulaire, mobile autour d'une charnière verticale.