Annales des Mines (1891, série 8, volume 19)
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NOTE SUR LE COUP DE GRISOU
génieur en chef dut retourner s'aliter à Rodez et soigner la contusion qu'il avait reçue la veille. En attendant son
retour, l'écurie fut surveillée de très près, le barrage graissé sans cesse, le pilonnage redoublé. Un trou fait entre deux planches du barrage permit d'introduire un thermomètre ; la température se maintint aux environs de 45 degrés. Le vendredi matin, 9 novembre, nous allâ-
mes essayer les appareils de sauvetage que, sur notre demande, la Société des Aciéries de France, avait gracieusement mis à notre disposition. Ce même jour, 9 novembre, M. de Castelnau revint de Rodez bien qu'il souffrît toujours de sa blessure et qu'il ait dû garder de nouveau la chambre après l'opération. Dans la visite qu'il fit au barrage, il put constater que l'écurie était remplie d'oxyde de carbone : la lampe, mise en face du trou dont nous avons parlé, faisait explosion; l'odeur qui s'en échappait était celle d'un mélange assez peu définissable de pourriture et de feu à moitié éteint ; l'atmosphère était très humide ; les ouvriers, habitués aux feux de mine, affirmaient que l'incendie devait être entièrement terminé ; la suite des événements devait leur donner tort. M. l'ingénieur en chef, persuadé que l'attaque ne pouvait être retardée plus longtemps, aussi bien pour remettre la mine en état que pour rendre aux esprits une tranquillité que l'enlèvement des derniers cadavres devait seul faire revenir, décida qu'on la tenterait le lendemain, et, le soir nous tînmes conseil, chez le directeur de la Compagnie, pour arrêter le programme de cette tentative. En faisant entrer l'air dans le barrage, on chassait les
gaz nuisibles, mais il était à craindre que le feu mal éteint se rallumât et qu'une explosion due à l'oxyde de carbone et au gaz d'éclairage se produisît avant leur évacuation.
SURVENU A LA MINE DE CAMPAGNAC.
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Le parti adopté fut celui-ci ouvrir le barrage en partie seulement et avec précaution, faire retirer tout le monde, attendre une heure que l'atmosphère soit assainie ou que l'explosion ait eu lieu, revenir alors lutter contre l'incendie s'il s'était rallumé, retirer les cadavres
et barrer à nouveau l'écurie.
Rendez-vous fut pris, dans la nuit, pour le samedi
10 novembre, à cinq heures du matin.
M. l'Ingénieur en chef avait fait prendre toutes les
précautions humainement possibles pour qu'aucun accident ne vînt interrompre ce travail. On avait creusé un petit puisard destiné à recevoir l'eau du puits d'Offet ; on avait rassemblé à la
tête du plan
C 1: 2 mètres cubes de volige, 2 chars de terre grasse pour refaire le barrage, 3 pompes à deux corps, 30 seaux pour lutter contre l'incendie, 3 pompes pour injecter les désinfectants, 2 bonbonnes de chlorure de chaux, de l'acide phénique, de la gaze phéniquée, 2 barriques d'eau pure, une barrique de sulfate de fer en dissolution, de la sciure de bois, de la chaux vive pour désinfecter les cadavres et ensevelir les chevaux, 3 cercueils doublés de zinc, 2 rouleaux de toile pour l'aérage
- enfin, la Société
des aciéries de France avait mis à notre disposition 2 sacs Galibert, manoeuvrés par une équipe spéciale de 4 hommes, sous la conduite de MM. Dufranne, ingénieur, et Soustelle, conducteur de travaux. A cinq heures du matin, tout le personnel de la Direction était réuni à la tête du plan ; le Dr Latieule, médecin de la Compagnie, s'y trouvait aussi; les quarante meilleurs ouvriers de la mine devaient nous aider dans cette besogne. On s'occupa cloche existant
d'abord de diriger le courant d'air; une
au-dessus du barrage, on y plaça une toile Pour qu'un filet vînt la balayer et empêcher les mauvais gaz de s'y accumuler; des toiles bouchèrent l'entrée des