Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1891, série 8, volume 19)

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LES SALINES ET LES PUITS DE FEU

CHAPITRE VII.

LE TRANSPORT. - LES NORIAS.

Nous avons vu qu'à côté de chaque puits se trouve un réservoir pour recevoir les eaux salées au moment de leur extraction. Il faut de là les amener jusqu'aux lieux de salinage. Même lorsque l'évaporation se fait au charbon, les fourneaux ne sont pas toujours à côté des puits, surtout lorsqu'un certain nombre de puits placés en des points différents ont le même centre d'évaporation. A plus forte raison pour les puits de feu. Certaines salines en sont très éloignées, et comme il y a grande économie à se servir de ce mode de chauffage, de tous côtés les eaux sont amenées vers ces bouches de gaz naturel. D'ailleurs chaque propriétaire de puits n'évapore pas son eau lui-même. Beaucoup se contentent de puiser, et vendent leur eau soit directement aux fourneaux, soit à des entrepreneurs qui exécutent le transport par les porteurs ou les norias. L'eau se vend à la charge de 320 bols, en tenant compte du degré de concentration.

DE LA PROVINCE DU SE-TCHOAN.

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courts et très accélérés et se reposent-ils souvent. Les plus faibles s'entendent pour porter deux charges divisées en trois, ou bien ils ont avec eux un enfant qui divise une partie de la charge en de petits seaux. Au départ, pour chaque charge complète, une languette de bambou munie de marques est remise au porteur ; à l'arrivée, la constatation du nombre des charges et le paiement du transport se font sur le compte des jetons sans s'occuper des divisions que les porteurs ont pu faire

entre eux. Le costume de ces portefaix, des plus primitifs, est un simple pagne d'un pied de large. Une ficelle sert de cein-

ture et retient les extrémités de ce langouti qui pend vaguement entre les cuisses. Il n'embarrasse pas les jambes, ne s'accroche pas aux larges seaux, laisse la sueur couler à son aise, et se lave facilement. La pudeur s'en arrange comme elle peut ; elle ne s'en arrange même pas du tout. Sur ce point, les Chinois, surtout le populaire, sont beaucoup moins délicats que ne porte leur renommée, et souvent ces portefaix, gens sans vergogne, profitent de la simplicité de leur costume pour narguer la pudeur au moins officielle des femmes qu'ils rencontrent ;

Transports par seaux. - Pour les petites distances, l'eau se transporte dans des seaux de bois très grands, de sorte qu'une charge n'en remplit que les deux tiers. Un filet de corde, placé en couronne au niveau de l'eau empêche le clapotage de l'eau pour rendre le transport plus facile et les pertes d'eau moins considérables; de

plus, précaution contre les fraudes, il marque le niveau où doit s'élever l'eau pour que la charge soit entière. On voit- dans les fig.2 et 5, Pl. XIV, la manière dont les Chinois portent ces seaux avec une palanche. Une charge d'eau, 200 livres, est un rude fardeau pour un homme, aussi ces porteurs font-ils des pas très

leurs gestes, leurs propos et leur lazzis dépassent tout ce qu'on peut imaginer en fait d'effron-

terie.

Pour les grandes distances, ce mode de transport serait trop dispendieux. L'eau est donc conduite par un système de tuyaux et de réservoirs jusqu'aux lieux d'évaporation. 'Mais l'orifice de beaucoup de puits est à un niveau inférieur à celui des fourneaux ; de plus, dans ce pays accidenté, il faut passer collines sur collines. L'eau doit donc être préalablement élevée à un niveau supérieur. Machines élévatoires. - Les Chinois ont un certain nombre de machines élévatoires : la culture des rizières