Annales des Mines (1891, série 8, volume 19)
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LES SALINES ET LES PUITS DE FEU
DE LA PROVINCE DU SE-TCHOAN.
livre (22 onces) varie de 20 à 40 sapèques (10 à 20 centimes). Il est vrai qu'en France le sel au sortir des salines est immédiatement frappé d'un lourd impôt qui en décuple le prix, tandis qu'en Chine les divers impôts qui pèsent sur cette marchandise arrivent au plus à augmenter son
Le second impôt est la gabelle. Rien, en effet, ne ressemble davantage à l'ancienne gabelle autrefois, en
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prix d'un tiers ou de moitié, encore n'est-ce que pour certaines localités éloignées des pays salins. Néanmoins, la valeur relative du sel au Se-tchoan est beaucoup plus élevée qu'en France, ainsi qu'il est facile de le constater par la comparaison de son prix avec celui des autres denrées. En beaucoup de pays salins, la livre de sel est au moins aussi chère que la livre de farine, et du prix de sa journée un ouvrier n'en peut acheter que
3 ou 4 livres. Loin des salines le sel devient bientôt presqu'aussi cher que la viande, trois ou quatre fois plus cher que la farine; un ouvrier, du prix de sa journée n'en peut pas même acheter 2 livres.
Le premier impôt qui pèse sur le impôts directs. sel est une sorte de taxe foncière sur les puits salés, ou de patente sur les marmites d'évaporation. En certaines régions, les puits sont frappés, suivant l'estimation de leur rendement, d'un impôt qui, avec son principal et ses centimes additionnels, varie entre 42 taéls pour les beaux puits et 0,32 pour ceux de faible rapport. Là où les puits ne supportent pas cet impôt, les, marmites sont taxées d'une manière proportionnelle aussi à leur grandeur et au mode de chauffage ; les plus imposées paient 7',34, les plus petites 2`,24. Enfin, pour le seul pays de
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France, dans les provinces de grande et de petite gabelle, chaque famille était taxée par année à un certain nombre de livres de sel : la consommation et le prix en étaient obligatoires. Actuellement au Se-tchoan la gabelle chinoise ne taxe pas chaque famille, mais chaque sous-pré-
fecture. La consommation obligatoire de chacune est fixée dans le cadastre officiel par un certain nombre de congés (yn). Ceux-ci sont de deux sortes : les congés fluviaux (chouy-yn) qui représentent chacun un tchang ou 50 ballots de sel ; les congés de terre (lou-yn) qui ne comprennent que 4 de ces mêmes ballots. Aux Grandes Salines les congés fluviaux sont seuls usités ; pour le sel en grains, les ballots pèsent 220 livres, un congé pour un tchang représente donc 11.000 livres ; pour le sel en croûte, à 160 livres au ballot, un congé représente seulement 8.000 livres. Ces congés, d'une part, par leur nombre déterminé pour chaque sous-préfecture, fixent la consommation obligatoire de chaque district ; d'autre part, comme ils portent en quel pays de salines la susdite sous-préfecture doit aller prendre le sel de chacun de ces congés, ils règlent ainsi le monopole d'exportation de chaque pays salin. Ces congés sont payés au fisc de différentes manières de Pékin, ils sont envoyés au préteur de la province par le mandarin supérieur de la gabelle, appelé Yen-tcha-tao
(intendant du sel et du thé), car il est en même temps chef des douanes du thé. C'est lui qui fait parvenir les
Yen-yuen, perdu dans les montagnes, l'impôt est en nature et fixé à '100 livres de sel par mois et par sau-
congés en nombre dû aux mandarins de gabelle de chaque région salifère.
nerie.
Pour les pays éloignés des salines, ces congés sont vendus en bloc à un entrepreneur saunier, Chang-jen,
D'après le Yen-fa-tche, cet impôt, qui correspond à notre taxe de patente, donne au fisc pour toute la province une somme de 18.723 taels, a peu près 150.000 fr.
qui en solde l'impôt et par le fait même acquiert le monopole de pouvoir seul, muni de ces congés, acheter le sel