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LES SALINES ET LES PUITS DE FEU

nal pour un prix fixé d'office et bien inférieur au minimum du prix ordinaire. De plus, mille chicanes leur pré-

parent des retenues sur ce prix; une des plus usitées consiste à les rendre responsables de la diminution du poids des ballots, alors que la seule cause est l'écoulement des sels déliquescents. Bon nombre de bateliers ruinés par ces exactions ont .dû pour payer leurs dettes vendre leur barque, leur unique gagne-pain. Aussi la plupart des mariniers, après avoir passé une ou deux fois par les griffes de ces vampires, dirigent leurs bateaux sur d'autres rivières pour échapper à la ruine, et les mandarins du monopole, pour pouvoir transporter leur sel, ont dû faire construire une centaine de barques. Cette énumération des vexations du monopole n'est pas exagérée, mais bien plutôt incomplète, car je me suis borné à quelques exemples. Ajoutons que si quelqu'un de ces molestés essayait de porter plainte, il aurait quatre-vingt-dix-neuf chances sur cent de n'y gagner que la bastonnade et la prison. De ce que nous avons dit sur la gabelle et le mono-

pole, il résulte qu'au Se-tchoan, il y a pour les pays éloignés des régions salines des entrepôts mandarinaux ou des entrepôts privés qui possèdent, chacun en leur sous-préfecture, le monopole du sel, et acquittent au fisc l'impôt de la gabelle. Mais pour les pays de salines et ceux qui les avoisinent, le système est impossible, il faudrait une armée de satellites douaniers pour empêcher.la fraude.

Les Chinois ont trouvé un autre mode très simple de perception. Toutes les sous-préfectures placées dans ces conditions sont pays francs, c'est-à-dire qu'il n'y a pas d'entrepôt de monopole. Une taxe correspondante :aux congés de gabelle devenus sans usage est répartie en centimes additionnels sur l'impôt foncier par le mandarin sous-préfet qui est responsable envers le chef su-

DE LA PROVINCE DU SE-TCHOAN.

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prême de la gabelle. Dans ces pays le commerce du sel est fait par les petits colporteurs qui ne sont soumis à d'antre formalité qu'à celle de payer les droits de circulation. Quant à la surveillance nécessaire pour que l'exportation de chaque pays salin reste dans les limites fixées, elle est en grande partie exercée par les colporteurs eux-mêmes, qui ont un intérêt majeur à ce qu'aucune saline étrangère n'usurpe leur commerce. . L'impôt de gabelle devrait être simplement de 3,405 par congé fluvial, et d'une somme correspondante pour les congés de terre. Mais il est surchargé de centimes additionnels, puis des frais de timbre, de papier et de poste de la gabelle, surcharges qui, réunies, sont supérieures au principal : par exemple, aux Grandes Salines, un congé de sel en grains revient à 17 taéls et celui du sel en pierre à 18',33. Si nous vouions nous faire une idée de l'immense système de concussion qui ronge les finances de l'empire chinois, comparons les chiffres officiels de cet impôt de gabelle avec la réalité des sommes perçues. D'après le Yen-fa-tehe, cet impôt comprend pour la province 138.315 congés de terre et 30.442 congés fluviaux. Cela représente environ 570 millions de livres de sel, et donne au fisc impérial 296.340 taéls. Or, nous avons vu que le groupe des Grandes Salines fournit à lui seul environ 600 millions de livres de sel. En calculant sur ces données, on voit qu'aux Grandes Salines seulement les 18 tsay ou cargaisons d9nnent à l'impôt environ 3.328 taéls

par jour, et plus de L200 mille taels par an. La production des Grandes Salines étant les 2/5 de celle de toute la province, c'est plus de 3 millions de taéls que les mandarins perçoivent, pour n'en pas verser 300.000 au fisc impérial ; et le même écumage sur grande échelle se pratique sur tous les autres impôts. En réunissant la taxe de patente à la gabelle, on peut