Annales des Mines (1891, série 8, volume 20)
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NOTE SUR L'EXPLOSION DE GRISOU
cendus le matin, on put aussitôt pressentir qu'un très
grand nombre d'entre eux avaient dû périr. On se porta immédiatement au secours des victimes. Au puits Verpilleux, on remonta tout d'abord les ouvriers qui, à l'une des recettes supérieures, travaillaient aux pompes ; puis deux des ingénieurs, accompagnés de deux ouvriers, entreprirent de descendre à la recette du fond ; mais au-dessous de la galerie qui va vers le puits Mars, l'atmosphère était irrespirable, et les quatre sauveteurs tombèrent asphyxiés : trois d'entre eux s'affaissèrent dans la cage, et remontés au jour non sans blessures peu d'instants après, purent être rappelés à la vie; le quatrième, un des ouvriers, était tombé au fond du puits et' s'était tué dans sa chute. Toutefois, un peu plus tard, on reconnaissait que lé courant d'air s'était rétabli dans le sens normal, et que les fumées avaient repris le chemin de Méons : on put alors descendre au fond, et l'on trouva un feu considérable dans l'écurie, près de la recette ; après avoir remonté quelques cadavres et essayé de lutter contre l'incendie, on fut obligé de se retirer devant les fumées de plus en plus abondantes, et l'on se décida à noyer le fond du puits. A Saint-Louis, l'air descendait, appelé par l'eau qui tombait dans le puits en abondance ; la mine était plus abordable ; c'est par ce puits que l'on chercha à pénétrer dans les travaux. Du côté de l'ouest, on fut arrêté par l'éboulement E, qui occupait tout le carrefour de la gale-
rie du niveau 125 et de la remonte de communication ; du côté de l'est, les éboulements E, et E, barraient l'entrée du travers-bancs de Verpilleux, et l'éboulement E, au haut de la Baronnière rendait impossible l'accès des tailles d'exploitation. Tous ces éboulements furent attaqués et franchis dès que le moindre passage y eut été ouvert. Au delà des ébou-
DU PUITS VERPILLEUX.
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lements E, et E on fut arrêté par le mauvais air qui commençait à arriver de Verpilleux. Au delà de l'éboulement E,, on releva deux mineurs encore vivants, mais grièvement brûlés ; dans la taille n° 5, on trouva un feu allumé par l'explosion au milieu de copeaux de bois, mais on parvint rapidement à l'éteindre ; la présence du gaz en couronne était en même temps signalée dans cette taille. Plus loin, on ne trouva plus que des morts ; d'ailleurs le mauvais air de Verpilleux .arrivait, et il fallut battre en retraite. Du côté de l'ouest, quand on eut réussi à franchir les
éboulements E E, et E on rencontra un feu, non flambant, au bas du plan des Flaches; on se hâta d'aveugler l'éboulement. Dans la nuit suivante, le 4 juillet, vers
4 heures du matin, et par delà l'éboulement E on se trouva en présence d'un feu flambant, au pied de la remonte de communication ; on referma l'éboulement et on éleva un barrage en terre ; mais le feu passait en couronne et avançait rapidement. Cet incendie, placé à peu de distance de la recette, activé par le courant d'air que les eaux entraînaient dans le puits, ne menaçait pas seulement l'unique ligne de retraite qui restât disponible, puisque tout l'amont-pendage était envahi par le mauvais
air, mais encore il mettait en question la conservation même de la mine ; on pouvait chercher à le noyer, mais
le barrage en terre qui avait été établi n'était capable que d'une résistance de quelques heures, et, pour élever
le plan d'eau au-dessus de l'incendie, plusieurs jours étaient nécessaires ; on eut alors recours à l'emploi de toiles multiples placées à peu de distance les unes des autres de manière à former des sas à air qui devaient se remplir progressivement de gaz non comburants, modérer par suite la vitesse d'avancement du feu, peut-être même l'éteindre et assurer en tout cas l'exécution des barrages définitifs.