Annales des Mines (1891, série 8, volume 20)
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REVUE DE L'ÉTAT ACTUEL
On a quelquefois construit des limeuses de très grandes
dimensions, notamment celle de Bouhey au Creusot (longueur du banc, 10 mètres ; course de l'outil, 0m,900; poids, 50.000 kilogrammes).
Mortaiseuses. - La mortaiseuse est un genre spécial
de machine à raboter, où la trajectoire de l'outil est verticale. Elle comprend un bâti en fonte, ouvert d'un côté, et analogue à celui d'une perceuse ou d'un marteau-pilon à un seul montant. Dans les anciennes machines, ce bâti est renforcé par de fortes nervures extérieures. Aujourd'hui, on évite la saillie des nervures et l'on coule la fonte en solide creux, dont la coupe est un rectangle à angles arrondis ; le métal est mieux distribué et la forme plus agréable. Le bâti porte à sa partie supérieure une coulisse verticale, dans laquelle se déplace le porte-outil, qui est commandé par une bielle et une manivelle à rayon variable. L'arbre de cette manivelle est entraîné par un cône à plusieurs vitesses et par harnais d'engrenages. Souvent on ajoute à la mortaiseuse la disposition pour retour rapide de l'outil. L'outil est fort simple : c'est une barre d'acier verticale, dont l'extrémité inférieure est coupée par un plan oblique
formant l'angle tranchant voulu ; en outre, un léger rejet latéral du tranchant donne l'angle d'incidence et empêche la longue face de la barre de frotter contre la pièce. L'outil agit en descendant ; il est fort rigide et ne fléchit guère : il a plutôt tendance à s'engager légèrement qu'à sortir du métal. Aussi remonte-t-il facilement le long du sillon qu'il a tracé en descendant. Néanmoins
quelques mortaiseuses ont un mécanisme qui éloigne l'outil de la pièce pendant le retour ; cette disposition est rare. La pièce à travailler est fixée sur un chariot à trois mouvements, porté par un banc boulonné ou fondu avec le bâti. Ces trois mouvements sont deux translations perpendiculaires et une rotation autour d'un axe
'DE LA CONSTRUCTION DES MACHINES.
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vertical ; ils sont actionnés chacun, soit par la main de
l'ouvrier, soit automatiquement par un cliquet en relation avec l'arbre qui commande l'outil.
Les éléments principaux d'une mortaiseuse sont la course de l'outil, la distance horizontale entre l'outil et le fond du bâti, la distance verticale entre le plateau supérieur du chariot et le bâti qui surplombe, l'étendue des cheminements longitudinal et transversal du chariot. Le rayon des pièces que peut donner la rotation du plateau est limité : une disposition ingénieuse permet de mortaiser sur un grand rayon les pièces telles que des coulisses de distribution. On astreint le plateau portant la pièce à se mouvoir de telle sorte que deux de ses points, A et B (fig. 3, Pl. XVIII), se meuvent chacun sur une droite, X Y et X'Y', dont l'intersection 0 est la trace de la trajectoire de l'outil. Dans le mouvement du plateau, tous les points reliés à AB qui passent par 0 se trouvent sur une circonférence capable de l'angle inscrit X.10 Y. Pour réaliser cette construction géométrique (fig. 4), on se sert du mouvement transversal du chariot, qui guide le centre A du plateau porte-pièce suivant XY; puis on installe une glissière supplémentaire qui guide suivant X' Y' un point B invariablement lié au plateau, rendu libre de tourner autour de son centre. La glissière supplémentaire X'Y' se fixe sur un guide ZZ', qui permet de faire varier à volonté l'angle rOY. Comme variantes, nous citerons la mortaiseuse à tête inclinable, qui permet d'écarter de la verticale la trajectoire de l'outil ; la machine à rainer les moyeux de poulies, où le coulant porte-outil et tout son mécanisme sont en dessous de la table enfin la machine à mortaiser les longues edes, notamment les paquets de longerons de locomotives. Cette machine comporte une grande table fixe ; une traverse, reposant sur deux montants, supporte l'appareil à mortaiser et peut se déplacer le long de la