Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1892, série 9, volume 1)

EN ALGÉRIE. 12

NOTE SUR LES TREMBLEMENTS DE TERRE

22 novembre. Ce ne fut que deux mois après la nuit du 8 au 9 octobre, que les moins timides se hasardèrent à rentrer dans l'enceinte de la ville, et le gouverneur de la place éprouva une peine infinie à déterminer les autres à les y suivre. La zône où les secousses du tremblement de terre firent ressentir leur effet désastreux est entièrement comprise dans la dépression située entre la base du Mourdjadjo et la colline sur laquelle s'élève le château neuf; ni le château neuf, ni les forts de Santa-Cruz et de Saint-Grégoire ne paraissent en effet avoir souffert du cataclysme qui détruisit à peu près complètement l'ancienne ville d'Oran confinée alors dans cette région. Ce tremblement de terre se fit également ressentir sur les côtes d'Espagne et à Malte (d'après Mercalli). Un tremblement de terre eut lieu en 1809 (ou 1810) à Bône : quelques édifices furent endommagés, entre autres la maison dite de France habitée alors par l'agent des concessions d'Afrique. Il n'y eut d'ailleurs que deux ou trois commotions assez peu violentes. Au mois de mars 1819, plusieurs secousses précédées d'un bruit souterrain, se firent sentir à Oran et à Mascara : elles se succédèrent pendant plus d'une heure. A Oran, il n'y eut que quelques édifices légèrement lézardés ; mais, à Mascara, presque toutes les maisons furent renversées, et le nombre des personnes qui périrent ensevelies sous les décombres fut considérable.

Le 2 mars 1825, par un beau temps, à 7 heures du

matin, on éprouva à Alger, une secousse de tremblement de terre qui dura de 15 à 20 secondes. Toute la ville fut plongée dans l'anxiété, redoutant de nouvelles secousses ; il s'en produisit en effet le lendemain à 9 heures du soir, pendant un intervalle d'une heure et demie. La frayeur fut à son comble, car on avait appris que le tremblement de terre avait entièrement détruit Blidah; et comme les

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maisons de cette ville étaient basses, tandis que celles d'Alger sont hautes, les habitants de celles-ci craignaient d'autant plus d'être ensevelis, qu'il n'y avait aucune place pour se mettre à l'abri des décombres (*) Le dey fit élargir tous les esclaves qui étaient à la chaule, et mettre en liberté les prisonniers pour dettes ; les synagogues et les mosquées se remplirent de gens qui s'efforçaient de fléchir la colère du ciel par leurs prières. Hors des portes, on ne voyait que des gens en fuite, malgré la pluie qui avait commencé à tomber ; tous venaient chercher un asile dans les champs et les jardins et jusque sur les montagnes des environs d'Alger, qui se couvrirent de monde. Dans la nuit du 5 au 6, on ressentit encore quelques nouvelles secousses à Alger, mais moins fortes que les premières et qui ne produisirent aucun dégât ; les premières d'ailleurs avaient seulement renversé quelques pans de murs à la Kasbah. Blidah et deux villages voisins furent entièrement renversés par les premières secousses dans l'espace de 3 ou 4 secondes ; 7.000 personnes, environ, formant la moitié de la population, furent ensevelies sous les ruines. Le ministre de la guerre du dey s'y transporta avec des Arabes réquisitionnés pour organiser le déblaiement et tâcher de sauver les blessés, pris sous les décombres et dont on entendait les cris ; mais on ne put retirer que très peu de monde vivant. La partie de la population échappée au désastre campa sous des tentes tous les effets retirés des décombres furent portés en un même lieu et l'on menaça les voleurs de la potence ; en un seul jour on en pendit 104. Quelques jours après, le feu prit à ces tentes et tout ce que l'on avait sauvé des meubles et d'effets fut brûlé. .

(*) Annales de la Congrégation de la Mission à Tunis el à Alger, ch,xxvu, .