Annales des Mines (1892, série 9, volume 1)
Page : Image 11
Révision de 2 janv. 2015 07:41:44, edited by Anonymes
itr
16
NOTE SUR LES TREMBLEMENTS DE TERRE
plus ou moins éclate. Toutes les maisons françaises furent heureusement s'écroulèrent. On n'eut endommagées, trois chevaux seuleà déplorer la mort de personne ; quelques
frappés de ment furent écrasés. Les animaux étaient stupeur ; on vit les chiens sauter par les fenêtres. on ressentit Le 4 décembre suivant, à Teniet-el-Haad,
la garnison, croyant une forte secousse ;tous les soldats de hâtèrent d'en sortir. que la caserne allait s'écrouler, se
Le 21 et 22 août 1856, le littoral de la province de Constantine, de Bougie à Bône, fut agité par. plusieurs
EN ALGÉRIE.
'i7
à tinter. On vit la mer se troubler, par un calme plat, à proximité du rivage et des ondes très allongées partir de celui-ci s'avançant du nord-ouest au sud-est. Le style d'un long pendule, établi la veille dans le laboratoire du service des mines, décrivit une sorte de 8 allongé, dont la grande longueur allait du nord-ouest au sud-est ; c'est la première observation faite en Algérie de la direction exacte des oscillations sismiques. Collo et Djidjelli furent gravement éprouvés. A Djidjelli, dès la première secousse, la population avait abandonné la
il ne périt que trois personnes qui n'avaient pas voulu fuir avec les autres habitants ; mais la ville fut presque entièrement ruinée. Les secousses à Djidjelli étaient orientées tantôt du nord-ouest au sud-est, tantôt
paraît commotions souterraines. Le cercle de Philippeville sismiques
avoir été le point de départ des mouvements
ville ;
rivière déborda lécipalement Gastonville et Robertville ; la clocher de l'église gèrement. À Philippeville, une partie du
dans le sens perpendiculaire. A Bougie, quelques maisons furent ébranlées ; les fontaines de la ville qui, avant les secousses, étaient presque entièrement taries, donnèrent aussitôt après de l'eau en
s'échelonnent dans la tous les centres d'habitations qui endommagés , prinvallée du Saf-Saf furent fortement
supérieur et fut renversée (*), l'hôtel du commandant fit éval'hôpital militaire furent fortement lézardés ; on A_ Bône on ressentit des cuer les casernes par prudence. produisit le secousses moins violentes. La première se n'occasionna point 21 août, vers 10 heures du soir : elle d'un roulement d'accidents sérieux, mais fut accompagnée fortes pour souterrain très intense et de trépidations assez
oscillatoire imprimer aux objets suspendus un mouvement légers placés sur très accentué et jeter à terre les objets
les meubles. des oscillaLe lendemain, à 111150 environ du matin, la veille se firent tions beaucoup plus fortes que celles de la ville basse, sentir : une masure arabe s'effondra dans lézardées, quelques maisons furent assez sérieusement mit des cheminées renversées ; la cloche de l'hôpital se formé d'une pyramide () La partie supérieure du clocher, si elle avait éprouvé un mou-
quadrangulaire, se déplaça comme ruine, qu'il fallut vement de torsion ; elle était dans un tel état de la démolir. Les voûtes de l'église furent lézardées.
abondance, et l'Oued-Sahel, dont le lit était presque desséché, se mit à débiter un volume d'eau considérable. Sur la route de Philippeville à Constantine, le sol se crevassa en plusieurs endroits et l'eau jaillit par ces fissures. L'eau d'un puits s'éleva tout à coup en gerbe à la hauteur de 1111,50 au-dessus du sol, et quelques minutes
après il en sortit du sable qui recouvrit le puits d'un monticule de 2 mètres de hauteur. Le tremblement de terre se fit ressentir à Contantine et jusqu'à Alger, où l'on constata quelques légères se-
cousses dans la soirée du 21 et dans la matinée du 22 août.
Les secousses se renouvelèrent dans le cercle de Philippeville le 23 à 10 heures du soir, ensuite dans la nuit
du 24 au 25, d'abord à 8" 45 du soir, puis à 1 heure du matin ; à Philippeville, elles ne causèrent presque pas de dégât, mais à Collo et à Djidjelli, elles renversèrent les Tome I. 1892.