Annales des Mines (1892, série 9, volume 1)
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EN ALGÉRIE.
NOTE SUR LES TREMBLEMENTS DE TERRE
Année 1SSS. Janvier. Des tremblements de terre se sont produits, le 6 janvier, à i1'40 du soir, dans le nord de la province d'Alger. A Alger même, on n'a ressenti qu'une légère secousse; l'oscillation, dirigée du nord-ouest au sud-est, a duré 12 secondes environ. El-Affroun, à 11" 35 soir, on a ressenti une première secousse très violente presque immédiatement suivie de
trois secousses moins fortes. La panique a été grande, car, au dire des personnes qui avaient assisté au tremblement de terre de 1847, la commotion avait été aussi forte qu'à cette époque, et s'il ne s'est pas produit autant de dégâts, cela tient à la meilleure construction des bâtiments. L'église, l'école et la mairie ont été fort endommagées, nombre de maisons ont été lézardées.
A la Chin, à Mouzaïaville et l'Oued-Djer, il y a eu également de nombreux dégâts. Partout les populations étaient terrifiées et n'osaient rentrer dans les habitations. Une nouvelle secousse a été observée, le 16 au matin, El-Affroun.
On a ressenti également des secousses, le 13, à '7" 30 matin, à l'Hillil, et, le 23, à 4" 35 matin, à Bordj-bouArréridj. Enfin, à Tunis, le 12, à minuit 30 secondes, on a ressenti une forte secousse, avec oscillation de l'ouest, accompagnée d'une détonation semblable à un coup de canon.
Cet aperçu historique sur les tremblements de terre 'survenus en Algérie montre que, dans une période de plus de 350 ans, cette région n'a éprouvé que six commotions ayant fait un nombre de victimes considérable ce sont les tremblements de terre de 1716 à Alger,
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1790 à Oran, 1819 à Mascara, 1825 à Blidah, 1867 à Mouzaïaville et El-Affroun et 1887 à Kalaâ. Certes, ces désastres suffisent à prouver l'importance des phénomènes sismiques en Algérie, et la nécessité de se préoccuper des moyens propres, sinon à les éviter, du moins à en atténuer les conséquences ; mais il n'est pas
inutile de faire remarquer que l'Algérie se trouve à cet égard dans des conditions supérieures à l'Italie et à l'Espagne. D'après une statistique officielle italienne relative à l'année 1870, où l'on n'a eu à signaler aucune catas-
trophe extraordinaire, il n'y a pas eu, en Italie, moins
de 2.225 maisons détruites ou gravement endommagées,98 personnes tuées et 223 blessées par l'effet des trem-
blements de terre. Pour ne citer que des désastres récents, celui du 28 juillet 1883, à Ischia, où il y a eu 2.313 tués et 762 blessés, le tremblement de terre du 23 février .1887, sur les côtes de la Ligurie, qui a fait plus de 2.000 victimes, sans compter les blessés, enfin, le tremblement de terre du 25 décembre 1884 en Andalousie, qui a fait 2.230 victimes, dont 745 morts et 1.485 blessés et détruit 17.178 édifices ou maisons, ont causé en quatre ans presque autant de pertes en Italie et en Espagne, que toutes les commotions de l'Algérie pendant plus de trois siècles (*). (*) On peut objecter que l'Algérie est beaucoup moins peuplée que ces deux pays; mais la zône algérienne sujette aux tremblements de terre se réduit à une bande littorale où se trouvent massés les neuf dixièmes de la population, et la comparaison
peut ainsi se faire d'une façon assez exacte. La densité de la population en Algérie dans les communes civiles qui constituent à peu près cette bande est, en effet, de 30 habitants au kilomètre carré; elle est de 33 en Espagne et 90 en Italie.
Tome I, 1892.
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