Annales des Mines (1892, série 9, volume 1)
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on arrive à les dresser assez facilement, car ils ne manquent pas d'une certaine intelligence. Malheureusement, ils s'acclimatent mal au régime du travail régulier, auquel ils n'ont jamais été soumis, et il en résulte une mortalité assez élevée dans les contingents qui s'engagent pour une, durée de trois à quatre ans sur les mines. Une particularité assez curieuse de ces noirs, est qu'ils considèrent le. travail comme dégradant, et il est difficile de décider les
tribus résidant sur les lieux même d'une exploitation, à. venir y chercher du travail. Les jeunes hommes préfère-
ront s'expatrier, aller s'engager sur un autre point du territoire pour gagner une pacotille et rentrer au pays r91
ensuite. C'est ce qui explique l'échange de main-d'oeuvre,
qui s'opère sur une vaste échelle entre les NouvellesHébrides et la' Nouvelle-Calédonie ; les Néo-Hébridais viennent travailler aux mines, et les Calédoniens sont appelés par les planteurs de café des Nouvelles-Hébrides pour faire leurs récoltes. Les Canaques sont d'ailleurs impropres au travail de.
mineur proprement dit, voire même à celui de simple carrier. De plus, l'air vif des montagnes à l'altitude ordinaire des mines de nickel leur est funeste : il faut les employer en plaine, aux travaux préparatoires du triage et de l'embarquement, car ils sont assez bons marins et_ le travail discontinu du chargement en rade convient à, leur tempérament.
Main-d'uvre de race jaune. - Il restait à recourir à la main-d'oeuvre jaune, qui a déjà été tant de fois, en Californie, en Australie, dans l'Inde, le levier qui a permis
de mettre en valeur la première des industries extractives d'un pays : les mines. Cette question de la maind'oeuvre jaune, cause de troubles profonds, de mesures prohibitives sévères, qui nous étonnent parfois, de la part des Etats-Unis et des colonies anglo-saxonnes, ne
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peut pas être traitée ici avec les développements qu'elle comporte et qui mériteraient cependant d'être donnés. Quoi qu'il en soit, je me bornerai, pour ce qui concerne. la Nouvelle-Calédonie, à rappeler que dès 1884 il a été introduit un convoi de Chinois dans les exploitations de, nickel. Le résultat de ce premier essai a été mauvais, et il devait en être ainsi, étant données les conditions dans lesquelles le contingent qui composait ce convoi avait été recruté à Singapore. On avait méconnu cette règle absolue qui domine toute question de main-d'oeuvre jaune : s'adresser aux congrégations si puissantes auxquelles sont affiliés sans exception tous les ouvriers chinois, pour obtenir les
travailleurs, garantis dès lors par les chefs des congrégations avec lesquels on traite. D'autre part, les difficultés d'ordre diplomatique rendent, depuis quelques années et notamment depuis la guerre du Tonkin et depuis les mesures prohibitives prises
contre l'immigration des Chinois aux États-Unis et en Australie, le recrutement direct de Chinois, munis d'un contrat de louage de service, impossible dans/les ports chinois proprement dits. On se heurte làù des résistances invincibles, à une force d'inertie qui a raison des démarches les plus patientes et les plus influentes. L'exemple de la société du, canal de Panama en est une preuve bien claire.
Le port de Hong-Kong, qui appartient aux Anglais, est ouvert à l'émigration chinoise avec contrat de location de service, mais à destination des colonies anglaises seulement. Les contrats sont faits en général pour une durée
de trois années et passés par-devant un commissaire spécial de l'émigration chinoise, fonctionnaire anglais, qui est chargé d'assurer ensuite l'exécution de toutes les, clauses du contrat dans la colonie où l'engagé doit être employé.
Macao, port portugais, où jusqu'à ces dernières années