Annales des Mines (1892, série 9, volume 1)
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HisTOihÉ DE L'INDUSTRIE MINIÈRE
EN SARDAIGNE.
se composent surtout de très nombreuses statuettes en bronze, idoles, figurines de soldats, d'archers, petites barques, épées, etc., réunies dans des cachettes comme celles de Tetti (à l'ouest du Gennargentu), et où l'on est conduit à voir quelque chose d'analogue à des ex-voto. Ces divers objets qui ont été fondus : les statuettes à
rant des épées, trop pures pour avoir été obtenues par
moule perdu, les armes dans des moules de pierre (*), ont été en général fixés au moyen d'un lingot de plomb sur
fusion de vieux débris de bronze. En résumé, ce n'est pas
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de petits piédestaux en trachyte ; en outre, les épées étaient souvent reliées par des bandes de cuivre rouge. On est donc certain que les Sardanes connaissaient le plomb ainsi que le cuivre et l'étain (éléments du bronze);
en revanche ils ne se servaient pas du fer, quoiqu'il existe des minerais de fer en Sardaigne, apparemment parce que le minerai de fer, plus difficile à réduire que celui de cuivre, exige des installations plus perfectionnées. D'où tiraient-ils leurs métaux? Nous avons dit que l'on arrivait aujourd'hui à considérer la construction des nouraghes comme ayant commencé peu avant l'arrivée des Phéniciens et s'étant continuée au moins pendant les premiers temps de la domination carthaginoise. On doit
donc admettre qu'ils empruntaient le cuivre, l'étain et le plomb aux Phéniciens, grands mineurs et grands métallurgistes en même temps que grandi commerçants, dont les travaux de mines subsistent à Chypre, en Grèce, en Espagne, etc. C'est eux, en tout cas, qui devaient leur fournir le minerai d'étain, la cassitérite inconnue en Sardaigne et venant de Cornouailles, dont M. Gouin a rencontré des fragments dans les fouilles de Tetti. C'est d'eux sans doute aussi que provenaient les saumons de plomb, les pains de cuivre rouge trouvés à Tetti et dans divers autres points en Sardaigne, les feuilles de cuivre entou(*) On a trouvé de ces moules dans la Nurra.
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des ouvriers aussi maladroits (*), peut-être même le com-
bustible, le lignite, dont un débri existait à Tetti **) Le seul travail des Sardanes consistait probablement à fondre
ensemble le cuivre rosette et la cassitérite pour obtenir le bronze, ou même souvent à soumettre à une seconde chez les Sardanes que nous pouvons chercher l'origine d'un premier travail minier en Sardaigne (*'*) ; mais nous
sommes en droit de l'attribuer aux Phéniciens, qui vivaient en même temps qu'eux sur la côte ouest. Les Phéniciens, établis précisément dans le grand district minier de la Sardaigne, la province d'Iglesias, n'en tiraient sans doute pas le cuivre qui y est très rare, mais ils extrayaient déjà des gisements de galène, un plomb
aigre, non raffiné, ni coupelle qu'ils vendaient à leurs voisins des nouraghes. Ces exploitations des Phéniciens et des Carthaginois, aucun auteur ancien, il est vrai, n'en a parlé : mais quelques-uns des travaux subsistent et les monnaies, les lampes de terre cuite qu'on y a trouvées, ont permis de les dater. (**) Ils ignoraient même l'usage de la soudure et se servaient uniquement de rivets. (Perrot, p. 101.)
(**) En admettant même que ce fragment de lignite ait été réellement apporté là pour servir de combustible, la métallurgie ne devait pas moins se faire surtout au bois. (***) Il semble pourtant qu'il faille rapporter à des temps bien anciens une découverte faite récemment à Malfidano par le directeur de la mine, M. Marchese. On a trouvé là, sur un affleurement du gisement de calamine exploité, à une grande hauteur, une galerie ancienne de 15 à20 mètres de profondeur, contenant des galets arrondis de granite certainement apportés de très loin, car le granite n'existe pas au voisinage. On a été conduit à admettre que ces galets avaient eu pour but de moudre l'oxyde de fer, recherché comme matière colorante rouge par les peuples primitifs. En outre, M. Sella, dans un rapport de 1874, parle de masses et haches en pierre, etc., remontant tout au moins à une époque où les métaux étaient rares.