Annales des Mines (1892, série 9, volume 1)
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HISTOIRE DE L'INDUSTRIE MINIÈRE
EN SARDAIGNE.
Novas, Villamassargia et Musei en contenaient plus de 130.000 tonnes ; ceux de Flumini Maggiore et d'Arenas, 30.000; de Grugua, 30.000, etc.; mais ces chiffres ne sont que très approximatifs, car une partie des dépôts a disparu, emportée par les eaux ou couverte par la végétation, et, par contre, dans les scories qui subsistent, il en est de pisanes et d'espagnoles.
tions ; nous avons eu l'occasion de visiter les principaux à la mine de San Giovanni, et nous les décrirons un peu
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plus loin ; mais, auparavant nous voulons résumer un très curieux document ancien : le Breve di villa di Chiesa
di Sigerro (Iglesias), qui résume la législation minière appliquée alors (*).
se fixer dans le pays et y rétablir, durant trois siècles, un
Ce bref proclame la plus entière liberté de recherche et d'exploitation des mines, sans tenir compte du propriétaire du sol. Tout particulier (ou toute compagnie) qui veut entreprendre une fouille à la surface, n'est tenu qu'à certaines règles, telles que de rester à une distance déterminée des travaux antérieurs, d'indiquer par un signe en forme de croix sa prise de possession, etc. On distingue le cas où les puits donnent accès à des travaux distincts et celui où les travaux de deux puits se réunissent en profondeur (fondorare); dans ce dernier cas, on doit opérer un bornage dans les galeries (**) Outre les galeries suivant l'inclinaison du filon et cavités y attenantes (cas le plus fréquent alors), qu'on désignait sous le nom de fosse, le bref mentionne des puits verticaux,
ordre de choses à peu près régulier ; les seconds pour retourner aussitôt chez eux chargés de butin.
bancs, dorgomene (du mot allemand durchkommen, tra-
L'occupation romaine en Sardaigne dura jusqu'au V' siècle ; puis, du V' au XI° siècle, nous assistons là comme ailleurs à l'invasion des barbares et à la ruine de toute industrie. De 455 à 534, ce sont les Vandales qui dominent ; puis, vers 550, arrivent les Goths, après quoi l'île est régie par des envoyés des empereurs de Byzance ; plus tard, elle est soumise au gouvernement national des juges, mais constamment troublée par les incursions des Sarrasins ; enfin, en l'an 1004, le pape Jean XVIII, par un appel qui semble un prélude des croi-
sades, promet la Sardaigne à qui la délivrera du joug africain ; Pisans et Gênois accourent, les premiers pour
A cette période d'occupation pisane remonte la reprise des travaux de mines dans Pile désertée, inculte, et, par le développement des marais sur les côtes, devenue de
plus en plus insalubre. En même temps, au lieu des vieilles villes carthaginoises Sulcis, Tharros, depuis longtemps disparues, s'élèvent des villes nouvelles : en premier lieu Iglesias (en ce temps là Villa di Chiesa), capitale
de la région industrielle. Iglesias, ville fortifiée, battait monnaie avec l'argent de ses mines. Les travaux de cette époque, comparables à ceux des Romains par la nature des instruments employés, puisqu'ils sont également antérieurs à l'invention de la
poudre, s'en distinguent pourtant par certaines disposi-
candi, plus rares que chez les Romains, des traversverser) etc.
Le travail des mines, qui avait été si longtemps considéré comme infamant et abandonné aux condamnés, est maintenant pratiqué par des hommes libres, auxquels le bref confère même quelques privilèges, tels que l'immu-
nité pour une série de petits délits ou pour les dettes (*) Ce bref, découvert en 1867 à Iglesias et publié par le sénateur de Vesme dans les Monumenta hislori patrice de Turin, a été approuvé par le roi Alphonse d'Aragon le 8 juin 1337; mais, quoique de l'époque aragonaise qui succéda à l'époque pisane, comme nous le verrons il reproduit les dispositions de celle-ci. On peut lui comparer d'autres codes anciens, tels que celui de Massa Maritima.
(**) On en a retrouvé à San Giovanni.