Annales des Mines (1892, série 9, volume 1)
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HISTOIRE DE L'INDUSTRIE MINIÈRE
mal entre les mains de l'État ; de 1832 à 1838, elle occupait 80 personnes et parvint à fournir en tout 250.000 fr. de plomb. Quant à la riche mine de Montevecchio qui a produit des millions depuis cinquante ans, l'inspecteur général savoyard Despine déclarait qu'elle ne valait pas la peine d'être travaillée. Les choses en étaient là quand, en '1848, le gouvernement se décida à étendre à la Sardaigne la loi relativement libérale du 30 juin 1840, qui régissait jusque-là les. seules mines du continent. Cette loi, assez analogue notre loi française de 1810, instituait un système, d'après lequel la propriété du sous-sol, considérée comme Res nullius , devenait concessible à un tiers, à charge d'une certaine indemnité au propriétaire du sol, mais avec un privilège à la concession en faveur de l'inventeur. C'était
beaucoup, et, dès ce moment, quelques exploitations purent s'organiser en Sardaigne ; ce n'était pas encore assez, car la loi laissait trop de droits aux propriétaires ou soi-disant propriétaires (la propriété étant du sol souvent mal définie dans ces étendues de maquis ). La loi du 20 novembre 1859, en réduisant à presque.
EN SARDAIGNE.
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sans avoir même à justifier de l'existence d'un minerai, et si, dans ce délai, il démontrait qu'il y avait lieu à concession, cette concession lui était toujours accordée ; le système était même poussé à ce point qu'on n'empiétait
jamais, en donnant une concession, sur l'étendue d'un permis de recherches antérieur.
Il en résulta naturellement qu'en peu de temps des permis de recherches furent demandés dans toutes les parties de la Sardaigne où il pouvait y avoir quelques chances de rencontrer un gisement, et les habitants du pays, une fois munis de leurs permis, .sirent montrer une remarquable habileté pour attirer des capitalistes étrangers, qui se chargèrent de découvrir des minerais. Il y eut,
sur de simples permis de recherches, qui se trouvaient constituer en fait une sorte de droit à la concession, des spéculations considérables, et l'on cite tel permis qui fut vendu 2 millions (*).
Dans cette période, qui commence en 1848, nous
rien ce droit du propriétaire et surtout la façon peu pape-.
voyons, dès 1848, concéder la mine de Montevecchio, sur six kilomètres de long et deux de large, à une société
rassière et peu administrative dont elle fut appliquée, complétèrent l'effet de la mesure de 1848 et permirent à
,temps, l'État avait le bon esprit d'amodier, en 1856, la
l'industrie minière de prendre rapidement un essor considérable. D'après cette loi de 1859, ou plutôt d'après l'interprétation très large qui en fut faite alors, le premier demandeur (*) obtenait pour deux ans un permis de recherches (*) L'usage avait prévalu de ne donner des permis de recherches qu'à des Sardes; mais, comme il arrive toujours pour des dispositions de ce genre, on tournait aisément celle-ci en faisant demander le permis par un Sarde, auquel on le rachetait aussitôt sous l'oeil bienveillant de l'administration ou en s'assurant tout au moins le concours d'un sarde; cela avait pour seul avantage d'assurer un petit bénéfice aux gens du pays.
génoise ;
en 1851, celles du Sarrabus, etc. En même
mine de Monteponi, qui produisait entre ses mains à peine
20.000 francs par an. La location une fois faite pour trente ans, moyennant 32.000 francs par an, la mine, dirigée par des particuliers, donna immédiatement chaque année 400.000 francs de bénéfice net. Les mineurs manquaient dans le pays ; il en arriva de (*) En 1863, la Sardaigne se trouva mêlée, dans des conditions fort originales, à la découverte des mines du Laurium. C'est, en effet, sur le quai de Cagliari qu'un ingénieur français reconnut, dans le lest jeté par un navire italien venant de Grèce, des scories de plomb et, s'étant informé, apprit qu'il en existait là-bas, en Attique, des amas considérables dont l'exploration scientifique fut aussitôt résolue dans son esprit et bientôt réali-
sée, on sait avec quel succès.