Annales des Mines (1892, série 9, volume 1)
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DÉGAGEMENTS INSTANTANÉS DE GRISOU
Il a été chargé 33 wagons de charbon et 21 de remblai. Mais, à la différence des dégagements antérieurs, le charbon était très fin et le talus était recouvert d'une véritable suie légère dans laquelle on enfonçait comme dans de la neige. Il est à remarquer que ce dégagement, comme le montre la figure 12, s'est produit au contact d'un plissement coupé assez important, et en outre au voisinage d'une faille importante. Le vide produit par le dégagement peut être estimé à 9 ou 10 mètres cubes. DÉGAGEMENTS DANS DES TRAVAUX AU ROCHER.
Nous terminerons la relation des dégagements par celle de deux dégagements survenus non en couche, mais dans des travaux au rocher, l'un dans le quartier de Bessèges, l'autre au puits de Brissac.
Le 16 octobre 1891, un mineur préparait avec le
perforateur Guillat un coup de mine horizontal dans la grande bacnure du neuvième étage à Bessèges. Le grès était moyennement dur ; le trou avait atteint une longueur de 45 centimètres lorsque, tout à coup, du grisou s'en dégagea violemment, projetant de la poussière et une poudre blanche qui formait panache sur une longueur de 14 mètres. Les ouvriers se retirèrent, et la bacnure fut envahie par le grisou sur 35 mètres de longueur. On constata que le gaz s'était échappé d'une fissure peu large, d'apparence filonienne, garnie de sulfate de baryte, de galène et de pyrite avec des géodes. Au voisinage du puits de Brissac on perçait un petit travers-bancs pour recouper la couche Saint-Charles de Bessèges, lorsqu'a 21 mètres de la galerie d'accès du puits on perça dans une coupure remplie de terre grasse; on avait presque traversé cette coupure, qui parait corres-
pondre à la faille séparant le quartier de Créal de celui
AUX MINES DE BESSÉGES.
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de Bessèges , lorsqu'un trou de mine vint percer dans
une poche d'où jaillit de l'eau, un gaz sulfuré et du grisou avec un bruit analogue à celui d'un sifflet à vapeur ;
le dégagement de grisou continue pendant plusieurs jours. Cette poche se trouvait seulement à 11 mètres du puits de Brissac foncé depuis vingt-et-un ans, et jamais on n'avait constaté une trace de grisou. RÉSUMÉ GÉNÉRAL.
La description des faits qui ont accompagné les divers dégagements instantanés survenus aux mines de Bessèges montre, comme nous l'avons déjà dit, qu'ils forment, en quelque sorte, deux groupes distincts. Les dégagements assez nombreux qui se sont produits dans l'exploitation de Bessèges même, à partir de 1886, et ceux survenus dans les couches inférieures à l'étage stérile du travers-bancs de Créai ne sont pas, à proprement parler, des dégagements instantanés, en ce sens qu'ils ont toujours été annoncés par des indices précurseurs; cette circonstance à permis que ces dégagements
ne fussent accompagnés jusqu'ici d'aucun accident de personne. Ils ont eu lieu quelquefois dans des chantiers où l'on n'avait pas constaté de grisou auparavant, mais
en général, au contraire, dans des chantiers normalement grisouteux.
Les indices précurseurs étaient d'abord un sifflement, puis généralement un bruit plus fort, des pétillements dans le charbon, des craquements dans les bois ; ces phénomènes se sont toujours manifestés un peu avant le dégagement de gaz, quelquefois trois à quatre minutes avant. Toutefois, en général, le dégagement les a suivis d'assez près et, lors de l'un d'eux, un ouvrier eut la jambe prise jusqu'aux genoux dans le menu projeté, lors d'un autre un ouvrier fut renversé par le coup de vent.