Annales des Mines (1892, série 9, volume 2)
Page : Image 34
Révision de 15 nov. 2014 14:26:30, edited by Anonymes
62
LA. FORMULE D'EXPLOITATION DE M. CONSIDÈRE.
que les gares d'intérêt local desservent rarement une
population très agglomérée. En additionnant tous les éléments du transport de bout en bout, camionnages compris, on constate souvent que, pour les transports purement locaux, l'économie totale due au chemin de fer est bien minime. Elle l'est un peu moins pour les transports à destination ou en provenance de la grande ligne, si le raccordement entre celle-ci et la petite ligne est direct ; car pour comparer les conditions nouvelles du transport aux conditions anciennes, on a, d'un côté, un seul camionnage, puis le trajet sur le chemin de fer d'intérêt local, et un transbordement à la gare d'embranchement, en regard d'un transport direct à cette gare par la route, de l'autre côté. Cependant, là encore, on fait souvent, pour prendre le chemin de fer, un détour qui atténue sensiblement l'économie sur le parcours total. Si l'économie sur les transports préexistants est déjà minime, c'est surtout sur le trafic nouveau procuré à la ligne principale qu'il est difficile d'admettre que le public réalise un bénéfice considérable. Si ce trafic n'existait pas avant le chemin d'intérêt local, c'est, le plus souvent, qu'il ne pouvait pas supporter le prix résultant de la taxe sur la grande ligne, ajoutée au transport sur essieu jusqu'à cette grande ligne. Or, c'est sur ce dernier élément seul que la création du chemin de fer d'intérêt local per-
met de réaliser une économie. Il est donc tout à fait inexact de calculer l'avantage procuré au public en disant que, pour les transports en général, cet avantage est, en moyenne, égal à la moitié par exemple de la recette pro-
curée au chemin de fer, et en appliquant ensuite cette proportion de moitié à l'ensemble des recettes réalisées sur la grande et sur la petite ligne. Pour préciser, si un chemin de fer d'intérêt local réduit de 10 francs à 5 francs
le coût du transport d'un produit entre une ferme et la
LA FORMULE D'EXPLOITATION DE M. CONSIDÈRE.
63
gare d'embranchement sur la grande ligne, et si, grke à cette réduction, certains-produits qui ne s'expédiaient pas auparavant font, sur la grande ligne, un parcours qui lui procure une recette de 15 francs, il ne faut pas dire que les marchandises qui payent ainsi aux deux chemins de fer une taxe totale de 20 francs doivent, en même temps, procurer aux expéditeurs un bénéfice de moitié, soit d'environ 10 francs ; car alors, on devrait se demander pour-
quoi ces expéditeurs auraient attendu la création de la ligne d'intérêt local pour effectuer des expéditions qui, même au temps où elles leur coûtaient 5 francs de plus, leur auraient procuré 5 francs de bénéfices. Sans doute, nous l'avons dit, il est bien des cas où ils ne le faisaient pas parce qu'ils n'y pensaient pas. Mais il en est certainement beaucoup d'autres où, si le trafic n7 existait pas, c'est qu'il
ne pouvait pas supporter l'ancien prix total, parce que le bénéfice à attendre de l'opération était inférieur aux frais, avec cet ancien prix. Pour toute la fraction du trafic nou-
veau amené à la ligne principale qui rentre dans cette dernière catégorie , l'économie réalisée sur le trajet du domicile de l'expéditeur à la gare d'embranchement est le maximum du bénéfice réalisé par le public, puisque c'est cette économie seule qui a transformé une opération oné-
reuse en opération lucrative. Le bénéfice du public est, dans ce cas, absolument indépendant du trajet effectué sur la grande ligne. Il est évidemment impossible de chiffrer, dans le trafic procuré à une grande ligne par un affluent, l'importance relative des éléments rentrant dans les cas auxquels s'applique le raisonnement ci-dessus. Tout ce que nous en voulons conclure, c'est que, pour une partie notable de ce trafic et du trafic propre à la petite ligne, le bénéfice du public, à égalité de recettes, est notablement moindre que pour le trafic propre aux grands réseaux. Si nous croyons que, pour ce dernier, les bénéfices directs du public sont