Annales des Mines (1892, série 9, volume 2)
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64 LA FORMULE D'EXPLOITATION DE M. CONSIDÈRE.
très supérieurs à la moitié de la recette réalisée par le chemin de fer, et dépassent probablement le chiffre de cette recette, nous inclinons au contraire à penser que, pour le trafic des lignes secondaires et pour le trafic amené par
celles-ci aux grandes lignes, le bénéfice réalisé par le public est relativement minime. C'est là une différence qui est de très grande importance dans l'appréciation de l'influence respective des grandes lignes et des petites pour le développement de la richesse publique, et sur laquelle nous reviendrons à propos des bénéfices indirects.
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sociale créée par le chemin de fer, c'est commettre une véritable confusion.
Pour bien préciser notre pensée, prenons le premier exemple donné par M. Considère, en reproduisant ses
propres paroles, pour être sûr de ne pas en affaiblir l'autorité. « Supposons, dit-il, qu'un Maître de forges ne puisse
soutenir la concurrence étrangère que si les minerais qu'il emploie lui reviennent, au plus, à 20 francs la tonne ;
la- valeur du minerai en question, pour ce maître de forges, c'est-à-dire le prix maximum qu'il peut en donner,
c). Bénéfices indirects. - C'est surtout sur cet article des bénéfices indirects , que la théorie du mémoire
que nous étudions nous paraît difficile à admettre. Il faut bien s'entendre sur ce que l'on appelle bénéfices indirects dûs à un chemin de fer. On désigne souvent ainsi, dans le langage courant, tous les avantages dûs au chemin de fer en dehors de la recette nette, et notamment les bénéfices réalisés par le public, bénéfices que l'on peut classer en deux catégories : économies sur le prix des transports qui s'effectuaient avant le chemin de fer, mais en payant un prix plus élevé ; excédent, sur le prix nouveau, de la valeur des transports qui ne pouvaient pas s'effectuer aux anciens prix, et que le chemin de fer seul a rendus possibles. Or, ce sont là des avantages très directs, ceux précisément dont nous venons d'examiner l'importance. Les véritables bénéfices indirects, ceux auxquels M. Considère donne ce nom, avec beaucoup de raison, ce sont ceux qui résultent, en sus des recettes nettes, d'une part, et des bénéfices du public sur les transports, d'autre part, du développement industriel, agricole, commercial engendré par les chemins de fer. Or, ce développement, nous sommes très loin de le nier, mais nous croyons que le considérer comme s'ajoutant aux bénéfices directs, en tant que plus -value de la richesse
sera de 20 francs. Si donc il le paye 18 francs, transports compris, il fera une économie de 2 francs par tonne
de minerai, soit de 6 francs par tonne de métal dont la production exige l'emploi de 3 tonnes de minerai; et, s'il vend cette tonne de métal au prix de 200 francs, la différence entre ce prix de vente et la somme de 54 francs dépensée pour le minerai, représentera des salaires distribués soit à l'usine, soit à la houillère, ét iine certaine rente payée aux capitaux. Il est inutile d'insister pour montrer combien la somme d'utilité correspondante à toute cette production, qui représente une valeur de 200 54=146 francs, peut l'emporter sur l'économie de transport, qui n'est que de 6 francs. » Oui, sans doute, cela serait vrai, si la main-d'oeuvre et les capitaux qui reçoivent ces 146 francs en salaires ou en intérêts devaient, à défaut de cet emploi, rester oisifs, ou tout au moins recevoir des salaires et un intérêt notablement moindres. Mais s'il en était ainsi, on ne comprendrait pas pourquoi ce maître de forges aurait subordonné toute sa fabrication aux 6 francs d'économie sur les transports. Il lui eût été bien facile d'abaisser son prix de revient de plus de 6 francs, en offrant un salaire un peu moindre à la main-d'oeuvre, un intérêt un peu moindre aux capitaux, et ceux-ci eussent .encore été trop Tome II, 1892.
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