Annales des Mines (1892, série 9, volume 2)
Page : Image 120
Révision de 7 oct. 2014 03:31:22, edited by Anonymes
234
LE GRISOU AUX MINES D'ANZIN. 1810-1892.
mois à M. Wayrnel, se sont attachés pendant de longs recueillir dans les archives de la Compagnie tous les renseignements qui concernent le grisou, à faire l'analyse minutieuse des accidents et des mesures de sécurité qui en ont été la conséquence.
L'étude que l'on va lire est en grande partie leur
uvre. § 1. - LE GRISOU A ANZIN EN 1810.
Les archives de la Compagnie d'Anzin ne contiennent l'année 1811, aucune trace d'explosion de grisou avant s'était ce qui permet de penser qu'a cette époque il ne encore produit aucun de ces accidents qui laissent dans le soules esprits des impressions trop pénibles pour que venir s'en efface complètement ; mais les victimes du gri-
sou étaient pourtant déjà nombreuses, si l'on en juge
d'après le rapport suivant qui concerne la fosse Lomprez. « Pour une extraction de 45 tonneaux (*) seulement par jour, il faut tenir une machine à feu et une machine de rotation en activité, payer un mesureur et un porion, plusieurs gardes, ramasseurs de gros et avoir de temps en temps sur la table du chirurgien quelques ouvriers brûlés de grisou dont une partie après leur guérison ne peuvent plus supporter la fatigue du fond. » Aussi, les moyens à employer pour combattre le griépoque les sou préoccupaient-ils déjà vivement à cette
exploitants qui nous ont laissé à ce sujet un certain nombre de rapports, documents précieux qui vont nous permettre, avant d'aborder l'étude des accidents survede ce nus depuis cette époque, de nous rendre compte exacte que qu'était alors le grisou à Anzin, de l'idée
l'on s'en faisait, de la situation dans laquelle se trouvait (*) La capacité d'un tonneau était de 7 '-',25.
LE GRISOU AUX MINES D'ANZIN. 1810-1892.
235
le mineur vis-à-vis de ce redoutable ennemi, et des moyens, tantôt très judicieux, tantôt vraiment bizarres, que l'on employait ou proposait d'employer pour le combattre.
L'un des plus intéressants de ces rapports est une note
rédigée par M. Boissau, vérificateur, sous le titre de Note surie grisou (15 février 1811).
Opinion des exploitants. - « Si quelqu'un, nous -dit M. Boissau, doit être intéressé à chercher un préservatif contre les résultats dangereux du fléau terrible que l'on nomme selon les lieux feu Brison, feu Brisou, feu Volage,
feu Grisoux, cette dernière qualification paraît être la mieux applicable au sujet parce qu'elle a plus d'analogie que les autres avec le mot feu Grégeois, ainsi décrit dans le dictionnaire de Richelet : « Feu qui brûle même dans l'eau », quoique cependant le grisou ne brûle pas dedans mais bien quelquefois dessus l'eau ; si quelqu'un, disons-nous, doit être intéressé à chercher un préservatif contre le grisou, ce doit être celui qui est en butte à ses pernicieux effets, puisque sa vie est chaque jour exposée. Mais, malheureusement les personnes, qui voient le plus souvent les explosions de ce météore, n'ont pas reçu les instructions convenables pour découvrir un remède efficace, en supposant qu'il en existe, dont l'application puisse préserver entièrement tous les mineurs. « Ce qu'on a pu faire jusqu'à présent, c'est de paralyser autant que possible ses effets par plusieurs moyens dont le meilleur connu et employé est de faire circuler avec vivacité l'air dans les lieux où sa présence se fait remarquer (*). (") Près d'un siècle s'est écoulé depuis l'époque où cette théorie a été émise, et nous partageons encore entièrement aujourd'hui "opinion de M. Boissau.