Annales des Mines (1892, série 9, volume 2)
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LE GRISOU AUX MINES D'ANZIN. 1810-1892.
couchant à 349 mètres. La flamme envahit toute la cheminée et les tailles avoisinantes , mais les ouvriers s'étaient retirés à une grande distance et ne furent que légèrement atteints. Pour mettre le feu à une mine, les mineurs se servaient alors d'un fétu de paille rempli de poudre pilée (*), dont ils enflammaient l'extrémité avec de l'amadou ; la com-
bustion des grains de poudre déterminait une réaction qui, à travers un canal ménagé dans le bourrage au moyen de l'épinglette, projetait la flamme au milieu de la charge.
« Il est probable, et même certain, dit le rapport de cet événement, qu'une couche de gaz se trouvait près de cette mine et qu'au moment de l'inflammation de la paille le grisou aura pris feu. » Ce fait attira vivement l'attention des exploitants, qui prirent immédiatement la détermination suivante, dont on ne saurait trop admirer la sagesse. i( Un nouveau point sur lequel l'expérience engage à insister, c'est d'interdire aux fosses où le grisou est violent tout ouvrage à la poudre pendant le travail de la coupe, puisqu'il paraît que la plus petite étincelle du fétu de la fusée peut communiquer son action au gaz et reproduire par là un des inconvénients de la chandelle. Les lampes de sûreté ayant fait disparaître le danger pour l'éclairage, il semblerait qu'en attendant qu'un procédé quelconque ait donné la même sécurité pour le jeu des mines (**) on ne devrait les employer que hors coupe, attendu que, si une explosion se manifestait dans cet intervalle, peu de monde y serait exposé. »
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ment la confiance de ceux qui avaient salué avec tant de joie l'avènement de la lampe Davy. « Nous avons eu à regretter, dit le rapport du premier semestre 1824, la perte d'un excellent maître-mineur, dont la mort fut provoquée par l'asphyxie résultant de l'inflammation du gaz hydrogène. » Ce maître-mineur surveillait la coupe à terres du Chaufour, il venait de s'engager seul dans la voie de fond de moyenne veine levant en droit, quand se produisit une explosion dont les circonstances sont restées inconnues. La lampe Davy trouvée près de son cadavre était en parfait état.
« Il est probable, dit le rapport, que pendant que ce malheureux était sur les fronts de l'ouvrage, la porte placée sur le châssis d'aérage à effet de détourner l'air a été laissée ouverte par un des ouvriers de la coupe à terre occupés en ce moment à la deuxième taille de moyenne veine levant. L'air, au lieu de parcourir les fronts de l'ouvrage, ayant pris au plus court, ce malheureux en est resté privé et le gaz acquit alors des proportions assez élevées pour produire une inflammation sur sa lampe ; il est probable qu'il commit l'imprudence de souffler sa lampe et que la flamme sortant du tissu produisit l'inflammation (*).
Fosse du Chaufour, 27 juin 1824 (Un tué). Deux mois plus tard, un autre accident venait ébranler douloureuse-
« Voilà une question bien fâcheuse ! Dire que la lampe n'a pas d'efficacité, c'est détruire toute idée de la conservation dont tant de preuves ont été données ! » Cet accident, on le voit, produisit une impression pénible sur l'esprit des mineurs, qui se croyaient complètement protégés par la lampe de sûreté. La confiance absolue inspirée par la lampe Davy avait détourné les esprits de la question si importante de la ventilation, et les travaux
(*) Perfectionnement importé de la Belgique, vers 1820. (**) Ce voeu ne devait être réalisé que soixante-cinq ans plus tard avec l'invention, en 1889, des explosifs de sûreté.
(*) On préconisa, après cet accident, l'emploi d'étuis en tôle destinés à éteindre les lampes en cas d'inflammation de grisou dans l'intérieur du tissu. Tome if, 1892.
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