Annales des Mines (1892, série 9, volume 2)
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LE GRISOU AUX MINES D'ANZIN. 1810-1892.
nant de l'explosion communiquer le feu aux couvertes qu'on place près de là pour diriger le courant d'air, quand
ces couvertes sont peu éloignées ; mais on n'avait pas encore remarqué le cas d'une inflammation qui remplissait la galerie sur une étendue qu'on croit avoir atteint
18 mètres en arrière de la mine ; à l'une des mines le feu prenait même au boisage. La chaleur est considérable ; les outils sont chauffés et le poussier de charbon qui recouvre la voie brûle au point de ne pouvoir le tenir dans la main. Les mineurs et les surveillants partagent notre avis
que l'inflammation est produite par la forte charge de poudre dont la flamme se communique au poussier de charbon gras amoncelé près de là par le courant d'air ascendant. Le charbon est très sec et poudreux. La vitesse du courant d'air est de 3 à 4 mètres par seconde. Ce qui nous confirme dans notre opinion sur l'inflammation des poussières, c'est que chaque fois qu'on a fait jouer une deuxième mine dans la même voie, le cas d'inflammation ne s'est plus représenté par la raison que le poussier avait été brûlé ou balayé par la première détonation, » Ces faits se passaient dans Grande-Veine du Midi, en droit, au niveau de 630 mètres ; le courant d'air ascensionnel, qui parcourait avec une grande vitesse les tailles de cette couche très poussiéreuse, entraînait une quantité considérable de poussières. Arrivé au sommet des
tailles, le courant d'air subissait, pour entrer dans les voies, un brusque changement de direction qui détermi-
nait la précipitation d'une grande partie de ces poussières, à l'endroit même où les ouvriers devaient faire jouer des mines pour le creusement des voies. Les trous de mine, dirigés dans le sens même de la voie à travers
des cuerelles très dures, étaient fortement chargés de
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poudre noire et sans doute bourrés souvent avec des poussières. Dès lors, l'explosion était parfois gnée de la projection d'une flamme qui mettait accompale feu aux poussières et s'étendait ainsi sur des 'longueurs de 10 et 15 mètres. Ainsi fut découvert le rôle considérable joué par les poussières dans les inflammations mine; ces événements n'eurent d'ailleurs sur coups de pas de consé-
quences graves.
L'exploitation se poursuivait depuis 1877 sans incidents notables, quand un accident sérieux se produisit, à la fosse Bonne-Part, dans la veine Masse. Fosse Bonne-Part, 5 avril 1880. (Un tué, un blessé.) Personne ne s'attendait à voir le grisou manifester sa présence à la fosse Bonne-Part, située dans la concession de Fresnes (charbons maigres) , quand le lundi 5 avril 1880, deux ouvriers pénétrant dans leur taille
avec leur lampe à feu nu au chapeau, comme ils en avaient l'habitude, furent surpris par une explosion de grisou. Tous deux furent brûlés : l'un mourut quelques
jours après, l'autre survécut à ses blessures. Les lampes de sûreté furent immédiatement prescrites dans les travaux de Bonne-Part et l'on s'occupa très sérieusement d'améliorer l'aérage. Fosse l'Enclos, 29 avril 1880. (Deux tués, un blessé.) Le 29 avril 1880, vers 7 heures du soir, le grisou fit explosion sur un coup de mine à la deuxième voie de la veine Edouard levant, à l'étage de 374 mètres. Deux ouvriers venaient de forer une mine et avaient appelé le surveillant boute-feu pour bourrer la mine et enflammer la fusée. Après avoir visité la voie et s'être assuré qu'il n'existait pas de grisou, le boute-feu alluma la fusée. L'explosion de la mine fut accompagnée d'une violente détonation de gaz qui brûla grièvement les trois Tome II, 1892. 45