Annales des Mines (1892, série 9, volume 2)
Page : Image 343
Révision de 25 août 2014 18:51:26, edited by Anonymes
LE GRISOU AUX MINES D'ANZIN. 1810-1892.
LE GRISOU AUX MINES D'ANZIN. 1810-1892.
tout à l'heure que l'usage de la lampe Pieler nous avait déterminés à augmenter encore le volume d'air circulant dans la mine.
de progrès, et la poudre noire était à peu près le seul
Il existait encore trois foyers d'aérage aux fosses d'Haveluy, Rceulx, Casimir. Ces foyers furent supprimés et remplacés par des ventilateurs mécaniques, Guibal et
la coupe à terres , une explosion se produisit sur un coup de mine à la deuxième voie chassante de la veine
680
Ser. Ainsi disparut, dans nos fosses grisouteuses , l'antique foyer d'aérage qui avait rendu autrefois de grands services, mais qui était devenu insuffisant par suite du développement de l'extraction. Tromomètre à Hérin (1886.) A la suite d'un voyage de M. de Chancourtois en Italie, deux appareils sismographiques avaient été installés en 1885 à l'École des mines de Paris. La discussion était engagée au sujet de l'influence que pouvaient présenter les mouvements de l'écorce terrestre dans les dégagements de grisou. Un
tromomètre fut installé à la fosse d'Hérin (étage de 250 mètres ) 'et donna lieu à des observations suivies pendant deux années, mais sans résultats probants (*).
Fosse Renard, 10 décembre 1887. (Un brûlé, un asphyxié.) Par suite de l'agrandissement des retours
d'air et de l'installation de nouveaux ventilateurs, le volume d'air continuait à croître sans cesse. Au lieu de 249 mètres cubes par seconde qu'on extrayait, en 1883, dans les dix-sept fosses de la Compagnie, on était arrivé à 375 mètres cubes : le grisou devenait plus rare, mais en même temps les poussières, portées par des courants rapides, formaient certaines accumulations dangereuses, et le dernier accident que nous avons à relater va nous avertir que ce nouvel ennemi n'est pas négligeable. La question du tirage des mines n'avait d'ailleurs pas fait (*) Annales des mines, ler vol. 188$, p. 409 et suiv.
681
explosif en usage.
Le 10 décembre 1887, au commencement du poste de
Renard levant, au niveau de 476 mètres. Un trou de mine plongeant vers le sol, sur un amas de charbon, avait été préparé par les ouvriers et ,chargé de 200 grammes de poudre noire comprimée. Le bourrage était fait avec des poussières, de l'aveu même des ouvriers qui avaient foré le trou de mine. Le coup fit canon et détermina une explosion qui brûla grièvement le boute-feu. Deux ouvriers qui se trouvaient non loin de Ils eurent leurs lampes éteintes par la violence de la commotion : affolés ils s'enfuirent, mais l'un d'eux s'égara dans l'obscurité et pénétra dans une galerie en cul-desac où il fut asphyxié. Le courant d'air se rétablit d'ailleurs très vite et l'on put pénétrer rapidement dans les travaux. Toutes les conditions se trouvaient réunies dans cet accident pour faire présumer un coup de poussières emploi de la poudre noire, bourrage avec des poussières, coup débourrant.
Après l'accident du 10 décembre 1887, la Compagnie recommanda diverses précautions en vue de rendre le tirage des mines moins dangereux en présence des poussières : interdiction de bourrer les mines avec du char-
bon, de forer des trous plongeant sur le sol, etc. En même temps, de longs et coûteux essais furent entrepris pour réduire le nombre des coups de mine avec l'emploi des bosseyeuses. Ces essais furent d'ailleurs infructueux, le remède n'était pas là. Mais qu'il s'agît de poussières ou de grisou, la cause occasionnelle de l'explosion était bien connue : c'était la poudre noire. Nous avons vu qu'en 1824 les exploitants avaient formulé un voeu en faveur de la découverte d'un explosif de