Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1893, série 9, volume 4)

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SURVENUE AU PUITS DE LA MANUFACTURE.

NOTE SUR L'EXPLOSION DE GRISOU

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on parvenait à retirer, vivant encore, l'ouvrier tombé

Au moyen de toiles, on rejeta vers l'ouest tout l'air

dans le puisard. Le premier soin des ingénieurs du service des mines, en arrivant sur le plâtre du puits, fut de faire remettre en place le deuxième tampon pour rétablir l'aérage. Vers 3 heures, une cordée les descendit dans la mine avec un des ingénieurs de l'exploitation. Ils se dirigèrent vers l'écurie située en tête du plan Mallet, et s'engagèrent dans la région ouest de la mine : ils prirent le plan des Mottetières, visitèrent la taille 5, et par la remontée de Chauvet arrivèrent au point culminant de l'amont-pendage, puis parvinrent à la taille 15 par le niveau du bas de la taille 9. Une odeur de mauvais goût se faisant alors sentir, on se décida à battre en retraite. Cette première reconnaissance avait déjà fait retrouver 20 cadavres ; elle permettait de conclure qu'il n'y avait

disponible, et franchissant un éboulement trouvé en tête du plan de la Chopine, on pénétra dans tout le quartier. On retrouva ainsi onze nouveaux cadavres ; on constata que les tailles les plus éloignées n'avaient pas été atteintes par le feu, que les bois y étaient blancs, et que toutes les portes avaient été projetées dans un même sens de l'est vers l'ouest. L'enlèvement des cadavres fut décidé. Une partie de la région est de la mine était restée ina-

bordable; après l'enlèvement des victimes du quartier ouest, on barra le niveau de fond à l'ouest de la remontée

des chevaux, de manière à faire 'passer la plus grande partie de l'air disponible dans le quartier Rigaud et l'on

parvint à parcourir toutes les tailles de ce quartier; 21 cadavres y furent trouvés ; de ce côté encore les flammes ne s'étaient guère éloignées des grandes voies de la

probablement plus d'ouvriers encore vivants dans la mine,

mine.

et que le coup de feu ne provenait pas de l'amont-pendage, les cadavres trouvés dans la remontée de Chauvet étant à peine brûlés, si tant est qu'ils le fussent. Remontés au jour, les ingénieurs de l'État se réunirent à la lampisterie ; 1h un des ingénieurs de l'exploitation expliqua qu'il y avait eu des feux dans les anciens travaux de l'aval-pendage, et qu'il était possible qu'un barrage eût cédé, causant ainsi la catastrophe. En présence de cette déclaration, les ingénieurs de l'État décidèrent de commencer un barrage en tête du plan Mallet et de faire remonter au jour tous les ouvriers qui ne seraient pas nécessaires à ce travail. Ce barrage, en pierres sèches, était fort avancé vers 91' 1/2 du soir, et l'atmosphère, dans le plan Mallet, près de ce barrage, étant restée respirable, on décida qu'il fallait reprendre l'exploration de la région ouest arrêtée., par cette odeur de mauvais goût qu'on avait constatée dans l'après-midi.

Vers le soir, on était au lendemain du jour de l'explosion,un pointage rigoureux prouvait, d'après le registre de la lampisterie, que 3 victimes manquaient encore pour ce quartier de la Manufacture ; 56 cadavres avaient été remontés au jour. Cependant on savait que trois hommes devaient se trouver dans le puits de la Pompe en recette de 8' et qu'il leur était impossible de gagner le puits du Grand-Treuil. Le gouverneur de la mine émit l'avis qu'il fallait les dégager en descendant par le puits de la Pompe : il fit enlever les tampons qui le fermaient, et deux piqueurs s'offrirent pour

descendre, avant même que l'on se fût assuré que l'air du puits était respirable ; se sentant bientôt indisposés, alourdis par le mauvais air, ils durent se faire remonter au jour et y arrivèrent évanouis, mais encore vivants. Pendant ce temps, les ouvriers emprisonnés à la recette de 8' s'étaient couchés sur les poutrelles qui garnissaient le puits au niveau de la recette et respiraient l'air sain