Annales des Mines (1894, série 9, volume 5)
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SUR UN GISEMENT DE PHOSPHATES
DE CHAUX ET D'ALUMINE.
sables qui paraissent être en partie venus par les fissures de la roche. La rivière de la Cesse devait, à des époques lointaines , couler à la hauteur de ces dépôts argilo-
nature des terrains qui en forment les parois et le sol, que je fus frappé, en 1883, par l'aspect d'une terre farineuse, d'un blanc chamois, douce au toucher, que je recueillis et que l'analyse me démontra être un phosphate
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siliceux. Au moment de ses débordements, elle les fouillait et déposait ensuite dans les parties profondes ses sables et cailloux roulés dont nous avons distingué et relevé dans nos sondages les lits horizontaux. C'est de ces déblaiements et remplissages partiels que sont résultées, aux points d'intersection du dévonien et du nummulitique
et là surtout où ce dernier terrain présentait ses fentes les plus larges et les plus profondes, les nombreuses grottes qui, à cette hauteur, règnent sur l'une et l'autre rive de la Cesse. Le plancher et les parois de ces cavernes sont donc nummulitiques ; le sous-sol, abstraction faite des matériaux de remplissage, est dévonien. La principale de ces grottes, depuis longtemps célèbre,
porte le nom de Grotte de Minerve ou de la Coquille. Elle est située sur la muraille droite de la faille de la
Cesse, et ses galeries s'étendent sous les terres du hameau de Fauzan. Son entrée, à 36 ou 38 mètres au-dessous du
sol rocailleux des Causses, est dirigée vers l'est. Elle donne accès dans une galerie de 8 à 9 mètres de large et de 9 à 10 de hauteur dirigée N. 18° 30'E, bientôt coupée par une galerie secondaire dirigée N. 18°0. et par quelques autres fentes moins importantes et de même direction générale. Les deux embranchements principaux se rencontrent à angle aigu à une cinquantaine de mètres de l'entrée et donnent, à l'ensemble des couloirs de la grotte, la forme générale d'une croix de Saint-André. Ces couloirs s'enfoncent sous la montagne avec la pente moyenne de 9° de la roche nummulitique sur une longueur
totale de 1.100 mètres environ. Encore l'une des quatre branches, la plus courte, aboutit-elle à un lac au bout duquel la grotte se prolonge encore assez loin. C'est en suivant ces galeries dans le but d'étudier la
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de chaux cristallin répondant à la formule PO'Call, 2110
identique à un minéral qui n'avait été jusque-là trouvé que dans un guano rocheux provenant de deux petites îles des mers des Antilles. On a donné à cette substance le nom de brushite.
Cette découverte bien inattendue nous amena, mon frère et moi, à examiner de plus près le mode de remplissage de la grotte. Nous y fîmes forer de nombreux puits et nous arrivâmes à constater qu'il existait dans ces galeries, non seulement une curieuse et riche collection d'os-
sements d'animaux quaternaires, de silex taillés, de poteries préhistoriques (*), mais aussi de précieux dépôts
de phosphates terreux ou concrétionnés, dont la niasse connue, calculée seulement pour la profondeur de 5 à 16 mètres à laquelle se sont arrêtés nos puits, dépasse aujourd'hui 120.000 tonnes ("*). (*) Sur le sol, et surtout dans les galeries rapprochées de l'entrée de la caverne, on a trouvé de nombreux silex taillés, des
grains de colliers percés, des ornements de bronze de divers âges, des tessons et poteries noirâtres antérieures à l'usage du tour à potier et à impressions digitales. A 12 ou 15 mètres de l'entrée, on rencontre un amas de résidus de cuisine devenus rocheux, formé d'os cassés, de silex, de coquillages cimentés par une gangue calcaire. Un peu au-dessous de la surface, dans les profondeurs des galeries, on trouve, empâtés dans l'argile phosphatée, de nombreux ossements intacts d'animaux fossiles parmi lesquels on a distingué ceux de PUrsus spelcetts, très communs; Hyena spelcea, rare; Felis spelcea, très rare; Rhinoceros licho-
rhinus, rare; Sus scrofa, rare; Equus, rare; ossements de petits rongeurs, chauves-souris, etc. M. S. Rivière et mon frère, M. Gaston Gautier, se proposent de publier en commun une étude paléontologique de cette remarquable caverne, ainsi que des autres grottes moins importantes de la même région. (**) Le puits actuel le plus profond est foncé à 16 mètres; il