Annales des Mines (1894, série 9, volume 6)
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ÉTUDE SUR LE SOULÈVEMENT LENT ACTUEL
DE LA SCANDINAVIE.
la Norvège ; les fjords actuels étaient déblayés et envahis par la glace ; la ligne de partage des glaces scandinaves
récifs et d'îles bordant toute la Scandinavie, tendent à le
était à l'est du granite, de sorte que les moraines déposées à ce moment à l'ouest de la péninsule en contiennent, à l'exclusion des moraines orientales. Cette seconde invasion des glaces a balayé toutes ou presque toutes les lignes de rivage de la mer interglaciaire. Elle est tellement voisine de l'époque actuelle que les.
pluies n'ont pas encore eu le temps d'effacer les traces du passage des glaces depuis leur départ. En maint endroit, le géologue se surprend à chercher vainement des yeux le glacier qui a strié ou moutonné telle roche ou amené telle moraine frontale ou latérale. Après la fonte des glaces, les moraines ont limité des lacs qui se sont parfois changés en tourbières. La Scandinavie a été de nouveau envahie par la nier qui y a déposé de l'argile blanche, contenant des coquilles, qu'on retrouve dans les kji)kkenmoddings danois,
et dont la nature démontre que l'eau était plus salée et. plus chaude qu'aujourd'hui. Sous l'influence des refroidissements et des réchauffements qu'elle a tour à tour subis, et qui ont été la cause
ou l'effet de l'extension et de la disparition de ses glaciers, la Scandinavie s'est en même temps affaissée et relevée conformément à la loi de M. de Drygalski. Elle continue de nos jours à se relever, mais elle n'a.
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démontrer.
M. de Geer a observé méthodiquement une foule de lignes d'ancien rivage, tracées depuis le départ des glaces,
souvent sur des moraines. De haut en bas, on trouve successivement des moraines à éléments anguleux non lavés par la mer, puis une sorte de falaise, dont le pied correspond au plus haut niveau de la mer, enfin des terrasses de sédimentation un peu au-dessous de l'ancien niveau de la mer (voyez pages 260 et 262). M. de Geer a mesuré soigneusement l'altitude de nom-
breux plus hauts niveaux qu'il a relevés en Suède. Il appelle isoanabases des lignes d'égal soulèvement du con-
tinent, isocatabases des lignes d'égal affaissement, et il réunit les unes et les autres sous le nom d'isobases. Il a tracé en 1888 les isoanabases de la Scandinavie relatifs à la période comprise entre l'affaissement maxin'uni, sensiblement concomitant de la dernière glaciation, et l'époque actuelle. M. Gilbert avait fait de même, en 1882, pour la région
de l'Utah qui a été occupée jadis par le lac Bonneville, dont le grand lac Salé est le résidu. La conclusion suivante de M. de Geer nous parait à retenir
« Ce phénomène (l'élévation de la terre) est d'une nature essentiellement locale et, comme tel, n'a rien à voir avec le mouvement général du niveau de la mer. »
pas encore atteint le niveau maximum où elle s'est.
La carte, tracée par M. de Geer,, figure les parties
trouvée avant la seconde glaciation. La profondeur des fjords, plus grande que celle de la mer du Nord (*), et l'existence du skjaergaard, ligne de
immergées au moment du maximum d'affaissement. Elle montre qu'a ce moment, la mer formait un sund du Cat-
tegat à la Baltique, le long des lacs Wener, Hjelinar et
(*) Le Hardangerfiord offre, par exemple, des profondeurs qui atteignent 800 mètres, alors qu'a son débouché dans la mer du Nord, la sonde touche le fond à 350 métres.
M. de Geer remarque avec raison que les isoanabases suivent à peu près le contour du plateau azoïque, que Suess désigne sous le nom pittoresque de bouclier baltique.