Annales des Mines (1894, série 9, volume 6)
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332 LAMBEAUX SUESSONIENS A PHOSPHATE DE
CHAUX
géologique algérien, nous avons été chargé par les directeurs de ce service, MM. Pomel et Pouyanne, de dresser, comme à Tébessa, une carte géologique de la région intéressant ces gisements. Cette courte note montrera que le Suessonien présente ici la même succession de couches qu'au Kouif et au Dyr de Tébessa et que les phosphates s'y sont formés dans des conditions identiques (Pl. XV, lig . 7).
I. Djebel Mzelta.
Il fait partie d'un massif dont l'altitude moyenne varie entre 1.100 et 1.476 mètres, et qui est divisé en deux parties assez distinctes par un profond ravin, l'Oued el Aouara. Quand on part de Redir pour faire l'ascension de ce massif, on a, sur la gauche de ce ravin, toute une partie qui ne nous intéresse pas : le Suessonien y fait défaut. Au contraire, à droite, la montagne, plus élevée qu'à gauche, est couronnée par cet étage. Se'nonien supérieur.
Le terrain qui forme le substratum est ici à peu près horizontal c'est encore le
Sénonien supérieur, mais avec un facies différent de celui de Tébessa. Ici, les calcaires blancs en plaquettes riches en Inocérames font place à des calcaires durs en bancs souvent épais, dolomitiques surtout à la partie supérieure et alternant avec des marnes schisteuses à la partie inférieure. L'épaisseur totale est considérable. On peut l'évaluer au minimum à 300 mètres. Les fossiles abondent, surtout dans le bas de la formation. Nous n'avons pu encore les 'déterminer tous, mais on peut citer avec M. Brossard : Ostrea Pomeli, Ost. Nicaisei, Ost. vesicularis, Ost. Benoui, Ost. Villei, Plicatula Ferryi, des Lima, Hemiaster Fourneli, etc., tous bien caractéristiques du Sénonien algérien. La coupe schématique I, fig. 8, Pl. XV, montre l'importance de cet étage et ses relations avec le suessonien.
DE BORDS REDIR ET DU DJEBEL
333,
MZE.1TA.
Son épaisseur moyenne est de 80 à 100 mètres, là où l'érosion a le moins agi. Voici la succession des couches de cette formation (de bas en haut) Suessonien.
1° Marnes noires
15 à 25 mètres.
2° Calcaires marneux blancs tendres, alternants avec lits de silex et trois bancs de phosphates (quelquefois quatre) de 1 à 2
40
mètres
3° Bancs de calcaires marneux à rognons de silex
4° Calcaires durs (souvent enlevés par érosion).
--
20 à 30
2à
6
(Voir coupe I, fig. 8; les divisions 2° et 3° y sont confondues sous l'indice 3.)
Les marnes noires de la base ne 1° Marnes noires. elles sont moins épaisses qu'au Dyr font jamais défaut ;
de Tébessa, mais présentent le même facies. Dans la course un peu rapide faite au Mzeïta nous n'y avons pas trouvé de fossiles, mais M. Brossard y signale l'Ostrea multicostata.
2° Calcaires marneux à silex et bancs de phosphates. -
L'alternance de calcaires marneux à lits de silex et à bancs de phosphate est semblable à celle du Dyr. Seuls ces derniers y sont différents. Nous en avons compté jusqu'à quatre, qu'on peut suivre sur une grande étendue. Le plus important a 2 mètres environ ; il est, par place, assez siliceux, surtout à sa partie supérieure ; à la base il est piqueté de portions calcaires. Le phosphate n'est plus ici aussi tendre qu'au Dyr ; il est, au contraire, dur, noir, piqueté de blanc et de gris (coprolithes). Les dents et les vertèbres de Squales y sont fréquentes. Une analyse, faite à l'École des sciences d'Alger, d'un échantillon provenant d'une cassure fraîche, a donné une teneur en phosphate de chaux de 66,5 pour 100.