Annales des Mines (1894, série 9, volume 6)
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DE LA SOCIÉTÉ D'EXPLOITAT. DE MINES DE NICKEL. 607
LES PLANS INCLINÉS AÉRIENS
son dans le choix du métal composant les fils, on se laisse guider par la seule considération de faire aussi solide que possible. Que les fils ne se rompent pas dans un pliage à 30 centimètres de diamètre, et le câble peut fonctionner si sa résistance totale est supérieure à la
réaction des amarres. On laisse donc de côté les fils de fer ou d'acier ordinaire pour exiger des aciers à grande résistance. Les catalogues . des grandes tréfileries françaises offrent toutes les qualités de fils, depuis ceux en métal doux résistant seulement à 60 kilogrammes par millimètre carré jusqu'à ceux en acier dit extra-supérieur présentant une résistance de plus de 220 kilogrammes. On demande des fils clairs, la galvanisation adoucit le métal et diminue la résistance ; à résistance égale, il faudrait donc des câbles plus gros et on verra quelles °difficultés soulève la mise en place de câbles de fort diamètre.
Ce ne sont pas difficultés inhérentes à la Nouvelle'Calédonie, il faut s'attendre à les retrouver dans tout
pays primitif et montagneux. Elles se manifestent dès le débarquement. Le navire qui amène le câble doit le ,débarquer dans un chaland ; l'opération est facile à l'aide -des apparaux dont dispose tout navire à vapeur. La mise terre est plus compliquée, car le -wharf, s'il y en a déjà un, est rarement outillé pour l'enlèvement de lourds fardeaux. Il faut admettre que pratiquement on ne peut pas .aller au delà de trois tonnes ; on se trouve ainsi amené à commander dans les usines des tronçons de câble d'autant plus courts que le diamètre est plus gros. Pour des
câbles trop lourds, il est nécessaire de les dévider dans le chaland en les enroulant à mesure sur une bobine à terre. Le transport à terre est également un problème difficile à résoudre quand on ne dispose comme c'était le cas ,il y a peu de temps encore à Kouaoua,
que de chars
à boeufs parcourant des prairies défoncées et marécageuses. Souvent on doit se résoudre au transport en glènes, le seul applicable d'ailleurs dans les sentiers de la montagne. Tous ceux qui ont établi des câbles aériens connaissent bien ce mode de transport pour lequel il faut
convoquer un nombreux personnel. Suivant l'état du chemin, on fait des glènes de 30 à 50 kilogrammes, séparées par des intervalles de 2 mètres. On dispose un ou deux hommes par glène ; à tin signal donné, chacun charge sa glène sur l'épaule et la procession se met en marche dans la montagne, s'avançant lentement, souvent arrêtée par la fatigue ou par la chute d'un homme. Cela rappelle les longues théories d'esclaves qu'ont coutume de représenter les dessinateurs illustrant les récits de voyage dans l'Afrique centrale. Quand les porteurs sont noirs
,
l'illusion est complète. En chemin moyen , un
homme ;porte dans la montagne 20 à 25 kilogrammes ; pour un câble de trois tonnes, il faut donc 120 à 150 porteurs, et il n'est pas toujours facile de recruter un pareil personnel en Nouvelle-Calédonie.
Cette pénible amenée à pied d'ceuvre suffirait à faire écarter les câbles lourds ; la mise en place de ceux-ci soulève des difficultés encore plus grandes, et on conçoit
qu'on n'ait pas dépassé souvent 20 à 22 millimètres comme diamètre des câbles porteurs aériens. Les dimensions en usage à Kouaoua sont 18 et 20 millimètres ; ces câbles ont toujours été suffisants. Formés de 6 torons de 6 fils, ils sont composés comme il suit
Câbles de 48mm : 36 fils n° 13, jauge de Paris; de 20 n° 14,
Le poids du premier est de I kg,060 par mètre, le poids du second de I kg,281.
J'admets que le câblage réduit aux 7/8 la résistance ; le premier câble, en acier résistant à. 210 kilogrammes,