Annales des Mines (1895, série 9, volume 7)
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SUR LA GÉOLOGIE DU CONGO FRANÇAIS.
l'emportent sur la granulite ; également fréquents à l'ouest, du côté de Gaza, sur la Kadeï, et à l'est, sur la rivière Bali, ils disparaissent au nord sur la Mambéré, mais la granulite persiste sur une étendue d'au moins 300 kilomètres, jusqu'au dernier point atteint par M. Ponel, vers le confluent de la Nana. En outre de cette coupe de la Sanga et de la Mambéré, M. Ponel en a relevé deux autres. Dans une première exploration, il s'est dirigé de Bania vers le nord-est, jusqu'à la ligne de partage des eaux des bassins du Chari et du Congo, en traversant la rivière Bali (probablement la Likouala-aux-Herbes). A 210 kilo-
mètres de Bania, il a rencontré des sommets assez élevés (monts Tongréla, 1.300 mètres) et des couches plissées de schistes micacés dont la direction générale est vers le nordouest : c'est la prolongation des saillies rocheuses de la Kémo,
qui s'incurvent vers le nord et forment, avec celle de Bangui, une sorte d'éventail. Adamaoua. Enfin, M. Pond, partant de Gaza, a atteint Yola, .sur la Bénoué, en traversant la belle région de l'Adamaoua. A Gaza même, les roches les plus fréquentes sont composées de quartz et de mica : ce sont des granulites et des schistes micacés rappelant certains types du Mayombe et des Monts de Cristal. Mais bientôt, dans le bassin de la Kadeï, apparaissent de nouvelles roches qui se présentent tantôt en larges ondes, glissantes, polies, tantôt en blocs limités par des arêtes vives et se
dressant en pyramides, en menhirs, en rochers branlants, tantôt en masses arrondies simulant parmi les herbes, au clair de lune, des troupeaux d'éléphants. Le paysage, très pittoresque, souvent d'un caractère très sauvage, rappelle les Pyrénées ; parfois le sentier s'engage entre deux murailles à pic entre lesquelles un homme à cheval peut à peine passer. Le sol s'élève
peu à peu et ces roches grises, à gros grains, prédominent encore à Zaria, à Tchakani, et jusqu'à la ligne de crêtes qui sépare le bassin de la Kadeï de celui de la Mambéré. Ces roches sont appelées « grès » par M. Ponel ; niais d'après la description qu'il en fait, il semble que ce soient plutôt des « granites », ou peut-être des roches éruptives plus récentes. Entre Tchakani et Koundé, autour de Doka, le pays est moins accidenté, simplement vallonné, et ne présente plus d'autre roche que des argiles grises et rouges et du minerai de fer'. A partir de Koundé jusqu'à Niambaka, la route suit la ligne de partage des eaux entre les bassins de la Sanga et de la Sannaga, fleuve côtier dont l'embouchure est un peu au sud du
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505 volcan de Cameroun. Le relief est accusé par des massifs régu-
liers de pics coniques ; au milieu de l'argile ferrugineux, on retrouve des blocs des mêmes roches grises et de schiste micacé.
C'est seulement an col de Niambaka que l'on peut voir des schistes gris non métamorphiques, en éboulis. A Njankombol, sur la rivière Lom, affluent de la Sannaga, commence la première ligne des grandes montagnes qui forment le plateau central de l'Adamaoua : elles sont encore formées des mêmes roches grises ; on les traverse par une série de gorges (Katil, Mandé, etc.). Au fond de la gorge de Katil et sur ses flancs,
M. Pond l a trouvé une roche grise en dalles pentagonales ; les couches sont dirigées nord-sud; un échantillon, provenant du pic de Katil, est un calcaire compact, analogue à ceux du Kouilou. Après une seconde ligne de montagnes, dirigées est-ouest et de même composition, M. Ponel a rencontré, dans la rivière Tapari,
une roche qu'il qualifie de « grès bigarré », qui se présente en grandes nappes et qui est probablement une roche éruptive du même groupe que les précédentes. Le pays devient de plus en plus tourmenté et l'on atteint, autour de Ngaoundéré, l'Adamaoua central, caractérisé par les ghendéros, volcans ou groupes de volcans éventrés dans la direction sud-est. Au milieu de masses de pierres ponces et de coulées
de laves, sont creusés des ravins à pic, qui traversent aussi des roches pentagonales en bancs (calcaires ?) ; les roches grises sont fréquentes : c'est un véritable chaos. Deux échantillons provenant l'un de Marzia, auprès de Ngaoundéré, l'autre de la mare de Mazouan, à deux kilomètres de Dibi, vers le centre de la ligne des volcans, ne laissent aucun doute sur la constitution géologique du pays ; le premier, qui appartient au type si important des roches grises est une roche andésaigne ; le second est un basalte bulleux qui forme une grande coulée, descendant du « Babal Nghendero ». Ces ghendéros s'étendent jusqu'à la rivière Ibi, affluent de la Bénoué, à trois jours de marche de Yola. Le plateau central de l'Adamaoua est donc une région éruptive récente ; néanmoins, M. Pond. aurait rencontré au village de Basselbé, à quatre jours de marche au nord de Ngaoundéré, un vrai granite. Les sommets de l'Adamaoua s'élèvent jusqu'à 2.800m., puis de Ngaoundéré à Vola on descend rapidement en traversant trois cols. Au delà de la région volcanique, on rencontre des schistes (?) non divisés en plaques, gris clair ou gris foncé. Le mica réapparaît à Boundan, qui domine la rivière Faro, à un jour de Yola.