Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1895, série 9, volume 8)

-48

SUR DES DÉGAGEMENTS DE GAZ INFLAMMABLES

engagés qu'une violente explosion les renversa en leur causant des brûlures graves. Quelques jours après, le directeur, captain Williams, voulut se rendre compte de l'état de l'atmosphère dans les vieux travaux en y engageant une chandelle fixée au bout d'une longue perche il provoqua une deuxième explosion, plus intense que la première. Immédiatement après cette explosion , le captain Thomas

Daniel, supposant que le gaz accumulé était complètement brûlé, crut pouvoir avancer en s'éclairant avec une chandelle : il détermina ainsi une troisième explosion plus violente que les précédentes, et se fit blesser très grièvement. -

On attendit l'arrivée de lampes de sûreté pour rentrer

dans les vieux travaux ; ces lampes manifestèrent les symp-

tômes ordinaires de la présence du grisou, c'est-à-dire d'abord une auréole bleuâtre autour de la flamme, puis un allongement considérable de celle-ci qui finissait par remplir tout le tamis. La visite des anciennes excavations

y fit constater l'existence de nombreuses cloches dont les parois n'avaient pas été mouillées par l'eau qui remplissait la mine et où par suite le gaz avait dû s'accumuler. Une fois la mine remise en état, on cessa d'y constater la présence de gaz inflammable ; cela confirme l'opinion de M. Samuel Higgs, qui attribuait les explosions de Ding-Dong à la décomposition des vieux boisages.

D'après le même auteur, l'Arminian Magazine de novembre 1791 mentionnerait une explosion, arrivée vers cette époque dans une mine du Cornvall, explosion qui

aurait causé la mort de dix-sept ouvriers et projeté le chevalement du puits sur une chaumière située à une certaine distance. Malheureusement le journal cité n'indiquait exactement ni le lieu, ni la date, ni les circonStances de cette explosion extraordinaire, d'une intensité

SURVENUS DANS DES MINES MÉTALLIQUES.

.49

comparable à celle des plus violentes explosions dé houil lères, si la description en est bien exacte.

Dégagements de gaz dans les salines. - On a vu que le plus ancien exemple d'explosion souterraine de gaz semble avoir été fourni par la saline de Hallstadt. C'est que les gîtes de sel sont imprégnés de gaz combustible tout aussi normalement que les gîtes de combustibles ou que les schistes bitumineux; à Stassfurt, à Wieliczka et .dans une foule d'exploitations analogues, on a constaté que les inclusions du sel contenaient, avec de l'hydrogène et de l'acide carbonique, des hydrocarbures liquides. Dans les salines de Marmaros (Hongrie), à Go ttesgabe près. Rheine (Westphalie), à Bex (Suisse), on a pu capter le gaz dégagé par certaines fissures et l'utiliser pour l'éclairage. En ce qui concerne Bex , il convient cependant de faire quelques réserves sur l'origine exacte du gaz ainsi capté ;

d'après M. Brunet (C. R. de la Soc. de l'Ind.

minérale, 1882, p. 130), le gaz proviendrait surtout du toit et du mur du gîte ; mais, d'une manière générale, on peut dire que les gîtes de sel et leurs roches encaissantes sont imprégnés d'hydrocarbures gazeux ou liquides, souvent accompagnés d'hydrogène. Ce fait s'explique facilement par la théorie admise aujourd'hui au sujet de l'origine de ces gîtes. Le sel a dû se déposer au fond de lagunes littorales, isolées de la haute mer par un seuil voisin de la surface des eaux ou dans des bassins complètement fermés. Les zones profondes de semblables lacs ou lagunes ne sont soumises à, aucun renouvellement régulier; les matières organiques qui viennent s'y déposer sont donc soustraites à l'action de l'oxygène et soumises aux phénomènes spéciaux d'altération qui se développent en pareille circonstance : elles donnent des hydrocarbures qui imprègnent les sédiments formés dans ce milieu. Tome VIII, 1895.

4