Annales des Mines (1896, série 9, volume 9)
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LES MINES D'OR
peut le désirer et d'une qualité très suffisante pour le chauffage des chaudières.
Le seul point critique dans l'exploitation des mines,
c'est la main-d'oeuvre, qui a été, jusqu'ici, d'un prix exorbitant, bien que fournie presque exclusivement par la population noire indigène. Le développement des mines
s'est produit si vite que l'afflux des travailleurs noirs a toujours été insuffisant pour les besoins, d'autant plus que les Cafres et les Zoulous, assez bons ouvriers du reste,_
ne veulent travailler aux mines que 5 à 6 mois au plus, et, pendant ce temps, n'admettent pas de faire plus d'un trou de mine de 0m,60 à 0'1,80 de profondeur par jour;
il en est résulté entre les diverses mines une concurrence qui, dès le début des exploitations du Witwatersrand, a -fait monter les prix à plus du double de ce qu'on paye encore dans la colonie voisine de Natal. De 4 francs par semaine, en 1887, on a santé à 20 dès 1890. Cet état de choses, qu'on avait cru arriver à améliorer à
la suite des efforts faits pour organiser le recrutement des noirs dans leur pays natal, s'est, au contraire, sensiblement aggravé dans ces derniers mois, ou il s'est produit une crise très sérieuse : les prix, qui s'étaient un moment abaissés à 15 ou 16 francs par semaine en 1892, -sont d'abord remontés au taux de 1890; c'est-à-dire que, D' Jameson, envahissaient brusquement, en pleine paix, le territoire transvaalien, comptant arriver sans coup férir à Johannesburg. Cet audacieux coup de main a échoué grâce à la ferme attitude des Boârs qui, le 1" janvier 1896, vainquirent et firent prisonniers les Anglais à Krugersdorp. Depuis lors, le calme s'est rétabli. L'acte de piraterie odieuse de Jameson, énergiquement flétri par l'empereur d'Allemagne qui, dans cette occasion, a su faire tout son devoir, et solennellement désavoué, suivant l'usage, par l'Angleterre, aura, sans doute, pour effet
de consolider pour longtemps l'indépendance du Transvaal. Il est à souhaiter qu'il ne fasse pas oublier au Gouvernement du président Krüger ce qu'il paraissait y avoir de juste dans les réclamations économiques des mineurs, notamment au sujet des droits de transport sur le charbon et des droits d'entrée sur les substances alimentaires ou, les machines.
DU TRANSVAAL
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jusqu'au mois d'octobre 1895, on a payé les mineurs cafres environ 20 francs par semaine, plus leur nourriture et leur logement, représentant 1/8 à 1/10 du salaire, soit, en définitive, à peu près 4 francs par jour. Vers le mois
de décembre on est même arrivé, parait-il, à 25 -ou 30 francs.
Il est, assurément, très remarquable que l'on soit déjà parvenu à mobiliser et à renouveler incessamment cette
armée de 45.000 Cafres qui, dès à présent, travaillent constamment dans les mines, tandis qu'en 1890 on n'en avait encore que 15.000,. Mais si l'on réfléchit que, dans les prochaines années, un très grand nombre de mines nouvelles doivent entrer en exploitation suivie et que, suivant les prévisions, le nombre des pilons doit, en cinq ou six ans, passer de 2.870 (chiffre du mois de novembre)
à plus de 8.000, ce qui, au lieu de 45.000 noirs, en exigera 230.000, on peut prévoir une période difficile à traverser. Nous croyons qu'on arrivera à triompher de cette gêne momentanée, avant même que la phase de développement intense et fiévreux soit arrivée à son apogée : c'est, en effet, un fait très fréquemment observé pour les tels que, dans notre phénomènes d'ordre social,
cas, l'habitude créée chez les jeunes gens des peuplades qu'il se provoisines de venir travailler aux mines,
duit d'abord un certain retard de l'effet sur la cause, retard dû à l'inertie, tandis que le mêine mouvement se continue, par contre, assez longtemps après que la cause a déjà cessé. On à donc quelques raisons de prévoir que, lorsque l'industrie du Rand approchera de son maximum, dans 'deux ans environ, l'afflux des nègres se poursuivant de plus en plus, non seulement on ne manquera plus de travailleurs, mais . on pourra peut-être même diminuer leurs salaires, actuellement hors. de proportion avec les services rendus.