Annales des Mines (1896, série 9, volume 9)
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ÉTUDE ADMINISTRATIVE
SUR LES MINES DE RANCIE
même inamovibles et sans limite d'âge. Ils continueront », dit l'article 64, « à se payer eux-mêmes de leur travail .par la vente des charges ou voltes de minerai ,qu'il leur sera prescrit d'extraire. » Il y a là, comme on le voit, une subtilité qui n'est jamais entrée dans l'esprit
ayant pendant des siècles dominé les forges, il a dû en résulter pour eux un état de plus en plus prospère ; la richesse accumulée dans leurs mains y aura sans doute .développé le bien-être, adouci les murs, et, toutes pro-
.du mineur, lequel a toujours parlé de son minerai.
vallée de Tempé, au moins dans les villages miniers de Sem et de Goulier et Olbier. On serait loin de compte. ,Te suis conduit à aborder ici un sujet auquel François a touché déjà, il y a plus d'un demi-siècle aux pages 156 et suivantes de l'ouvrage plusieurs fois cité ; c'est de l'histoire ; je le fais d'autant plus volontiers que les vues qu'il a exprimées ne me semblent pas toutes absolument justes, parce qu'elles ne sont pas, suivant moi, suffisamment larges. Parlant de l'état matériel et moral des populations
L'éternelle question de la qualité du minerai et de 'l'exactitude des poids est traitée titre IV, avec un luxe de précautions incroyable et, il faut bien l'avouer, avec ,peu de souci du côté pratique des formalités requises (voyez notamment les articles 72 et suivants). Le prix du minerai continue à être fixé par le Préfet, sur l'avis d'une Commission où sont représentés les maîtres de forge et les mineurs. Le poids légal est la volte (60 kilogrammes),
« les jurats doivent veiller à ce que les mineurs ne vendent pas le minerai au-dessus du prix fixé, et à ce que les acheteurs le paient à ce prix et en argent comptant (art. 79). Tout ce qui a trait au fonds spécial fait l'objet des der-et
' 'fières dispositions du règlement que je viens 'd'analyser.
Résumé de la situation depuis 1293.
Faisons main-
tenant un retour en arrière et, embrassant d'un coup ce qui s'est passé à Rancié depuis .l'acte de 1293, flemandons-nous ce qu'a produit la libéralité qu'il a consacrée. On est frappé avant tout, ce me semble, de l'état de lutte aiguë et incessante qui, à toute époque se révèle entre
portions gardées, la vallée de Vicdessos sera devenue une
attachées aux travaux des mines, François écrivait 4( Leur état moral est aussi bas que leur misère. » Il montrait les villages de la vallée éloignés des mines se livrant exclusivement aux travaux agricoles et déclarait qu'en comparant leur état d'aisance à celui des familles .de mineurs et de muletiers on était frappé du dénûment général de ces derniers. Il va plus loin et, se demandant les causes d'un si pénible étatde choses, il cite avant tout, et avec raison, la servitude des mineurs et des muletiers .« vis-à-vis des entreposeurs ». Examinons d'abord cette première cause.
la population minière d'une part, et les maîtres de forge tributaires de l'autre. Le pouvoir central cherche à menager tantôt les uns, tantôt les autres. Il formule des dispositions destinées à réglementer les franchises qu'il a légèrement consenties. Au fond, il est toujours vaincu par les ,faits, et .les mineurs font toujours la loi.
On arrive à mentionner ici pour la preMagasiniers. mière fois une catégorie de personnes plus connues dans
Au milieu de ces conflits séculaires pourrait-on au moins
la prépondérance s'était accrue par la force des choses. Les abus auxquels entraîne. peu à peu la puissance sans
se dire que, par une sorte de compensation, les mineurs
ces derniers temps sous le nom de magasiniers, dont l'existence était, il faut bien le reconnaître, la conséquence fatale de l'organisation de Rancié, sans lesquelles l'exploitation de la mine n'aurait jamais pu 'se maintenir, et dont