Annales des Mines (1896, série 9, volume 10)
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APPLICATIONS GÉOLOGIQUES
DE LA SPÉLÉOLOGIE
Bramabiau, dans le Gard, avec son tunnel d'entrée, son aven d'effondrement, ses éboulis intérieurs, ses 6.300 mètres de galeries obscures et sa profonde alcôve de sortie, le
n'est plus certaine et plus parlante que là ; et les partisans
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tout sous une bande de terrain large de 500 mètres et et avec une dénivellation de 90 mètres (*).
Saint-Canzian im Wald et Saint-Canzian am Karst, tous deux près d'Adelsberg : le premier avec cinq ou six vraies dolines d'effondrement, profondes de 60 mètres et le second, avec deux larges seulement de 5 à 50 mètres ; des plus grandes dolines connues, larges de 400 mètres, profondes de 110 à 160 (les fragiles ponts naturels
restés en place dans ces extraordinaires localités (**) sont les témoins dés anciennes voûtes en grande partie écroulées) ;
le Rummel, à Constantine, avec ses quatre
arcades restées debout sur 300 mètres de parcours seules lement (Reclus, Géographie, t. XI, p. 417) ; Sluggas de Gort, dont je viens de parler. Les Tomeens, sur la rivière Ardsollus, près Talla, en
Irlande, succession de petits tunnels séparés par des tranchées naturelles sur 5 ou 600 mètres de longueur, ne sont absolument qu'une caverne en démolition ; je me suis rendu compte, en juillet 1895, que les tunnels représentent les restes des voûtes du conduit souterrain primitif ('); les strates, tombées de leurs ouvertures au fond des tranchées, dans le lit même de la rivière, laissent surprendre sur le fait le mode d'affouillement des calcaires par les eaux. Enfin, à Marble-Arch (Irlande), les quatre effondrements
pratiqués à la sortie même de la source montrent que le vallon de la Cladagh s'agrandit ici d'aval en amont ; nulle part rceuvre de sape d'une rivière souterraine (*)Bulhetin de la Société de géographie de Paris, 1" trimestre 1893; et Les Abimes, chap. ix. (**)Les Ab1mes, p. 459 et 465 ; Le Monde moderne (Revue Quantin), octobre 1895. (***) V. la Nature, n° 1181, 29 février 1896.
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de la théorie qui attribue l'origine des puits naturels principalement à cette cause_ trouveront à Marble-Arch un des meilleurs arguments à l'appui de leur thèse. Ils devront
remarquer, toutefois, que le peu d'épaisseur du terrain superposé à la caverne (15 à 40 mètres au plus) est une circonstance particulièrement favorable à la production des
affaissements, et que, conformément à la distinction que j'ai établie dès 1889 (*) et qui se trouve ici confirmée, les conditions ne sont plus du tout les mêmes, quand cette
épaisseur dépasse 100 mètres: en ce cas, les abîmes étroits, verticaux et profonds de 100 à 300 mètres, dus surtout -à l'action extérieure des ruisseaux qui s'y engouffraient (Karst, Causses, Vaucluse, etc.), se montrent bien
plus fréquents que les vrais gouffres d'effondrements; ceux-ci ne sont alors que des exceptions dont les dolines de la Recca à Saint-Canzian am Karst (Istrie), Padirac (Lot), et peut-être la Mazocha (Moravie), sont les types extrêmes (profonds de plus de 100 mètres). Les sept exemples que je viens de citer mettent hors de doute que la démolition des cavernes et l'effondrement de leurs voûtes ont pu efficacement concourir à la formation des vallées. Et ce qui concerne la manifestation de ces affaissements à la surface da sol doit, selon moi, se résumer ainsi : il y a des abîmes, des dolines et des vallées d'effondrements, mais ni les larges et peu profondes dolines ou vallées, ni les étroits et très profonds gouffres, ne sont, en général, dus à des affaissements de voûtes de cavernes. Et, par-dessus tout, aucune théorie n'est universelle en ce gui concerne l'origine des cavernes: chacune de celles
qu'on a proposées a été, en général, trop exclusive
presque toutes sont .partiellement justes ; l'absolue vérité (*) Comptes rendus de l'Académie des SCiences, 14 octobre 1889.