Annales des Mines (1896, série 9, volume 10)
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DANS LA COMPOSITION DES PHOSPHATES
SUR LES VARIATIONS OBSERVÉES
Après avoir étudié en détail les gites des environs
d'Argenton (Indre) (*), puis ceux des environs de Doullens (Somme) (**) et avoir comparativement analysé les phosphates de Crrandpré (Ardennes) et ceux de Mons (Belgique), il formula cette conclusion que : « les phosphates sédimentaires sont, en réalité, des fluophosphates à composition définie, identique à celle de l'apatite, c'est-à-dire
contenant 1 équivalent de fluor pour 3 équivalents de
phosphore ('). »
D'après lui, ces fluophosphates auraient été fournis de toittes pièces par les roches éruptives et cristallophylliennes, oà l'on trouve souvent l'apatite en très petits cristaux disséminés ; la désagrégation de ces roches et la dissolution des fluophosphates par les eaux de la mer chargées d'acide carbonique, puis la concentration des sels dissous dans des mers moins profondes et le dégagement partiel de l'acide carbonique contenu, telle serait la série des phénomènes qui auraient donné naissance aux phosphates sédimentaires, c'est-à-dire à des précipités chimiques ayant la même composition que l'apatite primitive. Pour compléter l'explication, il faut encore supposer que ces-précipités, d'abord accompagnés de carbonate de chaux et disséminés dans une masse pâteuse, se soient peu à peu réunis en petits nodules et que des eaux chargées d'acide carbonique aient dissous le carbonate de chaux, sans attaquer le fluophosphate (****). A l'occasion de ce travail, une discussion fort intéres_
sante sur la question des phosphates eut lieu en mars 1891 et mars 1892 devant la Société géologique de France. A la théorie de M. Lasne, appuyée par M. Munier-Chalmas, M. de Lapparent fit diverses objections : des précipi1889.
(*) Extrait des Annales géologiques, (**) Bulletin de la Société géologique de France, 1890, p. 441. (***) Comptes Rendus de l'Académie des Sciences, 30 juin 1890. civils, 1887. (****) M. H. LASNE, Mémoires de la Société des Ingénieurs
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tations minérales ne se comprennent guère, si ce n'est dans des solutions saturées des sels qui se déposent ; on sait, au contraire, que les animaux excellent à extraire du milieu oit ils vivent des substances, qui s'y trouvent en si faible quantité que la chimie parvient à peine à les déceler, même qualitativement ; des animaux vivants ont donc dû certainement intervenir pour extraire des eaux marines la dose presque infinitésimale d'acide phosphorique qu'elles renferment (*). Cette observation nous parait fort juste.
Il n'est pas douteux que des organismes vivants, animaux ou végétaux, sont capables d'extraire et de concentrer sur une partie de leur être le phosphate de chaux contenu dans les eaux de,la mer, comme d'autres orga-
nismes en extraient le carbonate de chaux, dont ils forment leurs coquilles, comme d'autres en retirent la silice,
la potasse, l'iode, etc. ; c'est aussi par un phénomène de ce genre que le phosphate de chaux est pris dans le sol par les plantes et se concentre dans leurs graines, qu'il est ensuite extrait des plantes ou des graines par les animaux vertébrés et accumulé dans leurs os. Cependant l'intervention des êtres vivants n'est pas le seul et unique processus par lequel puisse se faire une ségrégation des éléments Minéraux. On sait que la silice dissoute, en se portant sur des restes fossiles au milieu des bancs de calcaires de différents âges, a donné naissance aux nodules de silex, aux
meulières, aux bois silicifiés, aux coquilles fossiles épigénisées. De même, une grande partie des nodules de phosphate' de chaux sont des coquilles de mollusques ou des restes
végétaux transformés et remplis par la matière phos-
phatée. (*)
Compte Rendu sommaire des séances de la Soc. géol., 21 mars 1892.