Annales des Mines (1896, série 9, volume 10)
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SUR LES VARIATIONS OBSERVÉES
Il ne s'agit pas là d'un remplissage mécanique par
-introduction de la matière phosphatée dans des cavités
préexistantes. On remarque, au contraire 0, que la richesse en acide phosphorique est en raison directe ,de la ténuité des ouvertures ; lorsque l'orifice 'est petit, comme dans les oursins, la masse est compacte, dense, homogène et très riche en phosphate ; lorsque l'ouverture est plus grande, on ne trouve souvent que du carbonate de chaux et des grains glauconieux et quartzeux. Il semble donc que le phosphate de chaux ait pris la
place de là, matière organique elle-même qui remplissait les coquilles ou qui formait les fibres du bois. Nous ignorons
quel a été le mécanisme de cette Substitution. On peut supposer qu'elle s'est effectuée par suite d'une disposition spontanée de la matière, comparable à celle qui donne lieu à la cristallisation et à l'accroissement des minéraux au milieu des eaux-mères. On peut aussi songer à l'attribuer au travail de cette légion d'êtres microscopiques, qui se déveldppent sur les corps organisés, après leur mort.
J'ai cherché à me rendre compte si un phénomène analogue pourrait se produire, d'une manière sensible, dans une expérience de laboratoire de courte durée. A cet effet
je pris une dizaine de moules, dont' le corps isolé de la coquille laissait, à l'incinération, en moyenne, 14 milligrammes de cendres : ces 1.0 moules furent abandonnées pendant 50 jours (du 11 septembre au 1" novembre 1892) dans. un flacon de 2 litres, bouché à l'émeri et contenant 1.500 centimètres cubes d'eau de Seltz et 45 grammes de phosphate tribasique de chaux précipité. Après ce temps, elles furent incinérées et fournirent 314 milligrammes de cendres, c'est-à-dire 174 milligrammes de plus qu'elles n'auraient donné dans l'état primitif (140 mil(*) Ch. DELATTRE, Étude sur les gisements français de phosphate de chaux, 1882, p. 40.
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DANS LA COMPOSITION DES PHOSPHATES
ligrammes). La cendre obtenue contenait : Phosphate tribasique de chaux Carbonate de chaux Oxyde de fer et alumine
86,88 11,18 1,91
99,97
Le résultat était donc bien conforme aux prévisions.
Une autre expérience plus facile à conduire, à raison de la consistance de la matière, qui ne se putréfiait pas, fut faite sur du bois d'allumettes. L'incinération de 100 parties de ce bois donna 0,44 de cendres, contenant 0,00018 d'acide phosphorique (soit 4,07 p. 100 du poids des cendres).
Après un séjour de 7 mois dans un flacon fermé avec
de l'eau distillée, du phosphate de chaux en poudre (5 grammes) et du carbonate d'ammoniaque (2 grammes),
100 parties donnèrent 0,33 de cendres contenant 7,75 p. 100 de leur poids d'acide phosphorique.
En opérant de même, mais avec de l'eau de Seltz au lieu d'eau distillée, la proportion de cendres obtenues fut de 0,66 ; l'acide phosphorique s'y trouvait dans la proportion de 24,25 p. 100. D'autres tiges d'allumettes furent laissées, pendant 7 mois également, dans un flacon débouché à large ouverture, avec de l'eau et 5 grammes de phosphate de chaux en poudre ; h plusieurs reprises, on laissa l'eau s'évapo-
rer et on en remit d'autre ; puis on sécha et incinéra. On trouva 2,51 p. 100 de cendres, qui renfermaient 38,57 centièmes de leur poids d'acide phosphorique et 52,27 centièmes de chaux.
Il y avait eu, dans les deux premiers cas et surtout dans le troisième, fixation d'une importante proportion de phosphate tribasique de chaux sur la matière ligneuse, et l'on conçoit fort bien qu'a la longue il puisse y avoir épigénie complète et formation de bois phosphatisé.