Annales des Mines (1896, série 9, volume 10)
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SUR LES VARIATIONS OBSERVES
DANS LA COMPOSITION DES PHOSPHATES
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On peut maintenant rapprocher ces faits d'expériences de ceux que j'ai fait connaître à propos de la fluoration graduelle des ossements fossiles (*), établissant que les os d'animaux, essentiellement composés de phosphate tribasique de chaux, peuvent se charger graduellement de fluorure de calcium dans une dissolution qui renferme un peu de fluorure alcalin ou dans de l'eau qui reste en contact avec du spath-fluor en poudre fine. Je rappellerai que cet accroissement de la teneur en fluor se fait surtout aisément, lorsque, à plusieurs reprises, il y a évaporation de l'eau et addition d'eau nouvelle. Le phosphate tribasique de chaux paraît avoir une tendance marquée à se fluorer jusqu'à prendre la composition de l'apatite. Cette double série d'expériences permet de conclure que, dans la nature, il peut se produire, sur les matières organiques, dépôt de phosphate tribasique de chaux, et sur le phosphate ainsi formé, fixation de fluorure de calcium. Rien ne semble, d'ailleurs, s'opposer à ce que les deux phénomènes se réalisent en même temps, si l'eau renferme
J'ai déjà fait remarquer, à propos des os fossiles, qu'ils renfermaient très souvent moins de fluor que l'apatite, ce qui s'explique aisément par insuffisance de la quantité de Iluerures contenue dans les dissolutions agissantes ou par -:insuffisance du temps de leur action. J'ai fait remarquer aussi qu'ils pouvaient, au contraire, en contenir davantage,
à la fois des phosphates et des fluorures, et qu'ils produisent, en conséquence, le même effet qu'un dépôt du fluophosphate de chaux, que M. H. Lasne a supposé exister
ratoire de Roscoff une tourie, remplie d'eau de mer à quelques centaines de mètres de distance de la côte. Je nie suis attaché à y faire le dosage du fluor avec tout le soin désirable. 42 litres d'eau ont été évaporés à sec (6 jours) dans une grande cap-
en dissolution dans les eaux de la mer. Mais, au lieu de la composition toujours identique, à laquelle conduit cette supposition, les deux actions indépendantes du phosphate et du fluorure, qu'elles soient successives ou simultanées,
sule de porcelaine avec un peu de chaux, destinée à empêcher toute perte de fluorure. Le résidu a été lavé soigneusement avec 8 litres d'eau distillée (10 jours, de manière à dissoudre tous les chlorures, sans entraînement sensible de fluorure de calcium. La masse restante a été calcinée modérément, puis reprise par l'acide acétique étendu,
peuvent conduire soit à des fluophosphates ayant la compo-
sition de l'apatite, soit à des phosphates plus ou moins fluorés que le composé cristallin ('). (*) Annales des Mines, 1893, l" semestre, p. 185. (**) Il n'est pas sans intérêt de faire observer que les apatites des
roches ou des filons, dont la dissolution aurait, d'après la théorie de M. Lasne, produit les fluophosphates contenus dans la mer, sont, en réalité, en partie fluorées et en partie chlorées ; or les phosphates sédimentaires, comme les os fossiles, sont toujours exclusivement fluorés, malgré la présence d'une quantité considérable de chlorures dans les eaux de la mer.
fait qui peut être expliqué par un dépôt de fluorure de calcium,. résultant d'une sursaturation de la solution de ce
sel dans- les eaux de la mer, si elles venaient à s'isoler dans une lagune ou un bassin fermé (*). Nous retrouverons les mêmes irrégularités dans l'examen
des phosphates sédimentaires, car ces phosphates présentent souvent une composition voisine de celle de l'apa(*) Comme les eaux de la mer paraissent avoir dû joCer un rôle prépondérant dans la fluoration des phosphates sédimentaires, j'ai tenu à m'assurer, par une expérience directe, de la présence du fluor dans ces eaux et même à en déterminer la proportion avec toute l'approximation possible. Grâce à l'obligeance de M. de Lacaze-Dathiers, membre de l'Institut,
professeur à la Faculté des Sciences, j'ai pu faire venir de son labo-
afin de dissoudre le carbonate de chaux, enfin lavée avec 5 litres d'eau, pour enlever le plus possible de sulfate de chaux. Le résidu, après une légère calcination, pesait encore 66 grammes. Il a été mêlé avec 75 grammes de silice pure et soumis, en deux parties successivement,. à l'action de l'acide sulfurique concentré dans un cou-
rant lent d'air parfaitement desséché. Les gaz, conduits par un tube rigoureusement sec jusqu'à une dissolution à 15 p. 100 de fluorure de potassium pur, y ont formé un précipité de fluosilicate de potassium, qui, lavé à l'alcool et .séché sur filtre taré, s'est trouvé peser 100 milligrammes. La proportion de fluor dégagé à l'état de fluorure de silicium était de 34'^g,54 pour les 42 litres d'eau. Par conséquent, I mètre cube d'eau de l'Océan Atlantique renferme Ogr,822 de fluor ou Ig',687 de fluorure de calcium.