Annales des Mines (1896, série 9, volume 10)
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SUR LES VARIATIONS OBSERVÉES 228 des phosphates concrétionnés, comme ceux du Quercy, du
Gard, de l'Oranais, etc., qui tous sont extrêmement, peu fluorés ; d'autre part, ils sont d'âge relativement récent, puisque tous 'appartiennent aux terrains tertiaires, et il semble qu'il y ait contradiction entre le degré de fluoration que je viens de signaler et l'observation générale que j'avais faite antérieurement au sujet -des ossements fossiles, à savoir : que leur teneur en fluor est d'autant moindre qu'ils sont d'âge plus récent (*). En effet, dans les conditions 'ordinaires, d'après mes précédentes expériences, des os de vertébrés terrestres de la période éocène, qui n'auraient été exposés qu'a l'action ordinaire des eaux douces depuis l'époque de leur enfouissement dans la terre, ne devraient pas avoir une teneur en fluor supérieure à 2 p. 100. Mais, en examinant les conditions spéciales dans lesquelles se sont probablement formés les gîtes phosphatés dont nous parlons, on trouvera, je crois, l'explication de cette contradiction apparente. Il me parait, en effet, tout à fait vraisemblable que les eaux de la mer ont joué .un rôle important dans la forma-
tion des gîtes de la Floride, comme dans celle des phosphates éocènes d'Algérie et de Tunisie.
J'ai fait observer tout à l'heure queee.'s gîtes les plus nombreux et les plus riches de la Floride étaient
situés près des côtes de la 'péninsule, qui touchent au
golfe du Mexique. Ce golfe aux eaux tièdes nourrit une multitude prodigieuse de poissons et d'oiseaux pêcheurs, tandis que, sur la côte de l'Atlantique, on voit beaucoup moins de ces animauk et l'on trouve aussi beaucoup moins
DANS LA COMPOSITION DES PHOSPHATES
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poissons en quantités -innombrables et l'existence des phosphates dans l'Ouest de la Floride.
Cette relation est bien mise en relief dans la page suivante empruntée au mémoire que M. Ladureau a rédigé au retour d'une mission de plusieurs mois sur les exploitations de la Floride (*) «On est, dit-il, généralement d'accord pour attribuer aux phosphates de Floride une origine animale ; - on les considere comme le produit de l'accumulation, en certains points de la côte, des ossements et des déjections de légions innombrables de poissons, de mammifères et probablement aussi d'oiseaux, qui se sont succédé aux mêmes endroits
durant des milliers d'années. J'incline à croire que certains dépôts de phosphate amorphe demi-tendre, qui ont, comme à Dunnellon, de grandes profondeurs,- sont tout simplement d'anciens gisements de guano déposés. par les oiseaux de mer, qui pullulaient autrefois sur les rives du golfe du Mexique, guano dont presque toute la matière animale a disparu, soit qu'elle ait été entraînée peu à peu par les pluies continues, qui règnent dans ce pays de mai à octobre, soit qu'elle ait été transformée en produits volatils par différentes fermentations, ainsi que cela a lieu de nos jours dans les îles Galapagoss, sur la côte
du Chili et en d'autres points, oh le guano ne renferme phis guère que du phosphate. Quant aux plaques cristallines et aux autres phosphates de roche dure, je pense qu'ils sont le résultat de la disso-
de phosphates. 'Il y a, à nies yeux, une relation étroite entre ces deux faits : la présence des oiseaux et des
lution des amas d'os et d'excréments, dont j'ai parlé, par des eaux souterraines chargées de gaz acides, comme on en trouve encore aujourd'hui dans beaucoup de points en Floride. Ces eaux, saturées d'hydrogène sulfuré, qui, par Son oxydation à l'air, donne de l'acide sulfurique, ont dô
(*) Recherches sur la composition des os modernes et des os fossiles; Annales des Mines, 1893, 1e' semestre.
(*) Les phosphates de la Floride et l'Agriculture française. Société nationale d'Agriculture de France, t. CXXXV:ales Mémoires.