Annales des Mines (1897, série 9, volume 11)
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différentes, ou encore la masse compacte que l'on peut obtenir en soumettant le mélange précédent à l'action de la presse hydraulique de façon à faire disparaître les solutions de continuité. La plupart des roches naturelles sont d'excellents exemples de semblables mélanges, le granite entre autres, dans lequel on reconnaît à la vue simple les trois éléments constitutifs : quartz, feldspath et mica. La caractéristique de ces mélanges est que leurs éléments conservent toutes leurs propriétés individuelles sans aucune altération. De semblables mélanges semblent, à première vue, n'avoir rien de commun avec la chimie ; en fait, ils passent d'une façon continue à des mélanges dans lesquels les propriétés des éléments en présence se modifient mutuellement, à ce point qu'on les a confondus parfois avec de véritables combinaisons chimiques, qu'en tout cas ils présentent au moins les plus grandes analogies avec les dissolutions. Mais ce sont là des questions encore fort peu connues sur lesquelles il faut se borner à attirer l'attentidn. On citera deux des modifications progressives que peuvent présenter les mélanges mécaniques.
On a admis que dans les mélanges mécaniques les propriétés des éléments constitutifs restaient inaltérées. En fait, cette condition ne peut être remplie que d'une façon approchée ; on sait que deux corps au contact agissent
l'un sur l'autre à une petite distance de part et d'autre de leur surface de séparation ; cette influence se mani-
feste, entre autres, par les phénomènes capillaires. On pourra pratiquement négliger cette altération des pro-
priétés superficielles dans le cas où les éléments seront assez volumineux pour que l'on puisse négliger la zone superficielle par rapport au volume de chaque fragment. Mais dans bien des cas cette condition n'est pas remplie : les corps très ténus, comme les précipités chimiques, les corps poreux mis au contact des liquides ou des gaz, en
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modifient considérablement toutes les propriétés. Ainsi la tension de vapeur des liquides qui imbibent un corps poreux est considérablement diminuée ; le même effet est produit encore pour les couches très minces de liquide adhérent à un corps poli comme le verre. La pression du gaz mis au contact de corps poreux est considérablement diminuée avec le noir de platine, le charbon de bois, par exemple ; la température de gaz et de liquides mis au
'contact de corps poreux s'élève très notablement. Dans ces phénomènes les quantités de chaleur mises en jeu 'sont de l'ordre de grandeur de celles que dégagent les réactions chimiques, ce qui a conduit, dans certains cas, à considérer les condensations des gaz par les solides comme de véritables combinaisons. Les mêmes corps poreux, au contact de solutions salines, absorbent une partie des sels dissous, de sorte que le liquide dont ils sont imbibés
ne s'est pas simplement juxtaposé au solide dont il a rempli les vides, sa nature a été modifiée. Ce phénomène est plus marqué encore dans la formation des précipités insolubles qui entraînent souvent en grande quantité des corps qui, en leur absence, resteraient dissous, par exemple
l'entraînement de la chaux, des alcalis, des oxydes de cuivre et de zinc par la précipitation en liqueur ammoniacale du sesquioxyde de fer. On sait que ces entraînements
sont une cause de très grande difficulté dans l'analyse pondérale. Parfois on a considéré les mélanges d'un corps insoluble avec le corps soluble qu'il entraîne comme de véritables combinaisons, mais alors on est obligé d'admettre des proportions de combinaisons si nom-
breuses que la définition de la combinaison chimique n'est satisfaite que par un véritable trompe-l'oeil qui con-
siste à remplacer des proportions variant d'une façon 'continue par des proportions définies assez rapprochées
pour que l'écart de l'une à l'autre soit de l'ordre des erreurs d'expériences.