Annales des Mines (1897, série 9, volume 12)
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78 SATURATION HYGROMÉTRIQUE DE L'ÉCORCE DU GLOBE
moins en moins accessibles à l'évaporation, et les parties de l'écorce situées à une certaine profondeur ne peuvent. donc manquer, à la longue, de se saturer d'eau. » Il convient de préciser davantage et de restreindre la concluSion à l'eau capillaire, à l'humidité. On rencontre en effet, dans les profondeurs de la terre, des grottes, des cavités de grandeur quelconque, de
simples cellules, qui sont vides. Lorsqu'elles se trouvent,
par leur situation, en contact avec la partie supérieure d'une nappe aquifère, elles se remplissent d'eau et se vident alternativement, suivant que la nappe elle-même se gonfle ou se dégonfle sous l'action des pluies ou de la sécheresse. Quand des bancs de sable d'une certaine épaisseur reposent sur des argiles imperméables, leurs assises inférieures servent de réceptacle à une nappe aquifère, et
c'est pour les atteindre qu'on fore les puits absortants, tandis que les supérieures demeurent susceptibles d'admettre plus ou moins d'eau. Toutefois, ces assises supérieures, qui ne sont pas saturées d'eaux vives, le sont d'eau hygrométrique. Il y a là une distinction qu'il
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point de vue hydrostatique, des colonnes de plusieurs kilomètres de hauteur. D'après les cartes de Maury, directeur
de l'Observatoire de Washington, l'Océan Atlantique a une profondeur moyenne d'environ 5.000 mètres. Dans la Méditerranée, dont la cuvette est bien moins profonde,.
en général, la sonde a atteint 4.600 mètres, à 165 kilo-mètres à l'est de Malte. Dans l'Océan Pacifique plusieurs. observateurs, entre autres le lieutenant Broocke, ont reconnu des profondeurs de 5 et 6 kilomètres.
On peut juger par là de la force avec laquelle l'eau marine tend à s'infiltrer dans l'écorce du globe. Comment,
en conséquence, les parties de cette écorce baignées par les mers, toutes_ celles qui sont situées au-dessous de leur niveau, à une suffisante profondeur, pourraient-elles ne pas être saturées ? Saturation des terrains sédimentaires à l'époque de leur Une autre considération vient corroborer le principe de la saturation. Elle est tirée de la façon dont cette écorce s'est conStituée au cours des âges géologiques. dépôt.
Le noyau de la terre, pour ne parler que de sa partie
importe de faire.
solidifiée, est composé de roches dites éruptives ; et celles-
L'eau hygrométrique, dont les pores des roches sont saturés, n'est pas formée de filets continus ; aussi est-elle caractérisée par l'absence de circulation et de pression hydrostatique appréciables. C'est là ce qui la différencie des eaux libres. 20 Terrains immergés. - Si l'on considère maintenant les terrains recouverts par la mer, on comprend qu'ils sont a fortiori saturés d'humidité. S'ils ne l'étaient pas. depuis les temps les plus reculés, la mer continuerait à s'y infiltrer par le fond comme par les parois latérales
ci sont recouvertes, sur la majeure partie de leur éten-
de sa cuvette', avec une énergie allant en augmentant avec la profondeur ; et l'on sait que d'immenses vallées marines.
sont recouvertes par des masses d'eau salée formant, au
due, par des roches sédimentaires, par des dépôts lacustres ou marins.
Les bancs calcaires, marneux, argileux, siliceux, que nous voyons aujourd'hui constituer les reliefs du globe, se sont formés sous l'eau : ils sont composés de matières. diverses, principalement calcaires, qui. se sont lentement.
déposées et agglutinées au fond des mers ou bien des: lacs préhistoriques. Leurs pores ont nécessairement gardé,
lors de ce dépôt, toute l'eau qu'ils pouvaient contenir. Il suit de là que les couches sédimentaires ont toutes été saturées d'eau à l'époque de leur formation. A mesure. que de nouveaux dépôts se sont superposés aux précé-