Annales des Mines (1897, série 9, volume 12)
Page : Image 66
Révision de 18 sept. 2014 20:46:32, edited by Anonymes
124 CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES GÎTES MÉTALLIFÈRES
Tout, à vrai dire, dans l'histoire du globe, n'est que remise en mouvement ; tout, suivant une "expression bien connue, est à l'état de perpétuel devenir, et le dégagement
des métaux en fumerolles, leur cristallisation ancienne dans les filons., avec les déplacements successifs de métaux qui semblent souvent s'y être produits par la continuation du phénomène hydrothermal, notamment à la rencontre de
croiseurs, sont déjà de premiers déplacements de ce genre. A un degré bien plus marqué encore, le métamorphisme',
dont le rôle, dans la formation de l'écorce terrestre, est probablement beaucoup plus considérable qu'on ne le supet qui peut très bien avoir constitué les granites, par exemple, aux dépens d'anciens sédiments, comme on pose,
s'est décidé aujourd'hui à admettre qu'il a produit les gneiss (*),
est lui-même une remise en mouvement.
(*) On sait que l'origine métamorphique des gneiss et micaschistes,
soutenue par nous, depuis dix ans, à l'exemple de notre maitre, M. Michel Lévy, rallie des partisans de plus en plus nombreux, et nous pensons qu'on renoncera bientôt à chercher, dans ces terrains, dits pri-
mitifs, de prétendues successions stratigraphiques, dont l'apparence n'est due qu'a l'intensité plus ou moins grande du métamorphisme. De même, nous sommes porté à croire que nombre de roches éruptives et peut-être, en premier lieu, les granites enferment une forte part d'anciens débris sédimentaires soumis à une recristallisation, et nous croyons, notamment, que la présence et l'abondance plus ou moins grande du mica noir ou de l'amphibole sont simplement l'indice de la nature, ou alumineuse, ou calcaire, des bains ainsi absorbés et refondus.
L'apport réellement interne pourrait bien, dans nombre de roches acides, être représenté surtout par les alcalis, arrivés peut-être à l'état de carbonates, ou de chlorures et fluorures sous pression. La véritable scorie profonde, ce sont les roches basiques ; aussi est-ce avec elles qu'on trouve la majeure partie des métaux proprement dits, et spécialement, presque tous les sulfures de fer, nickel, cuivre, etc. Les objections faites récemment par M. Brôgger à cet ordre d'idées ne nous paraissent pas convaincantes, et il nous semble surtout qu'il a énormément exagéré la régularité de l'ordre d'alternance des éruptions acides et basiques
en une même région, pour en conclure un argument en faveur de sa différentiation en vase clos. A Mételin, par exemple (C. R., 20 janvier 1890),
nous avons étudié une série éruptive, dont la basicité parait avoir été constamment en croissant avec le temps.
CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES GÎTES MÉTALLIFÈRES 125
Remise en mouvement aussi, le phénomène qui a determiné la concentration, dans certains bassins de sédimentations fermés, de substances empruntées mécaniquement ou chimiquement aux parois de ce bassin. Mais, laissant de côté cet ordre de questions trop général, ce que nous voulons tout spécialement étudier, pour le moment, ce sont les remises en mouvement récentes, .caractérisées nettement par leur localisation dans la zone superficielle des terrains, oit circulent les eaux, alimentées
d'oxygène par l'air, et produites par la circulation même .de ces eaux. Cette zone, que nous qualifions ainsi de superficielle et .qui est bien limitée, à sa base, par le niveau hydrostatique de la contrée minéralisée, correspondant au thalweg des vallées principales, peut, en réalité, dans les régions très accidentées, comme les pays de montagnes, où se trouvent la plupart des filons métallifères, affecter une hauteur de
plusieurs centaines de mètres, c'est-à-dire une partie relativement très considérable de ces filons, et surtout leur portion la plus facilement abordable, celle où les travaux sont, à la fois, les moins coûteux et souvent les ,plus productifs, par la nature même des minerais : par suite, celle que les mineurs ont eu le plus d'occasions d'examiner, et qu'ils ont, trop souvent,, considérée comme représentant l'état initial, donc la forme immuable du dépôt. L'attention n'ayant pas été appelée, jusqu'ici, sur les phénomènes d'altération, dont ce mémoire cherche précisément à signaler la grande importance, on ne s'est pas
assez occupé, en général, d'étudier, à la lumière d'une théorie rationnelle, les modifications observées dans la profondeur des filons et considérées, trop souvent, comme
accidentelles, ni de les rapporter au profil extérieur. du terrain, donnant le niveau hydrostatique. C'est un ordre d'observations qu'il serait pourtant- bien intéressant de multiplier.