Annales des Mines (1897, série 9, volume 12)
Page : Image 70
Révision de 16 sept. 2014 19:43:36, edited by Anonymes
132 CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES GÎTES MÉTALLIFÉRES
Les métaux moins oxydables sont restés dans le fond
des magmas et ne se sont élevés vers le jour que par l'intervention de minéralisateurs spéciaux, dont le rôle parait avoir été considérable également dans la .cristallisation des- roches acides, minéralisateurs au premier rang desquels il faut conipter le fluor, puis le soufre. Par une coïncidence, qui doit tenir à une loi naturelle très générale, les éléments avides d'oxygène se trouvent être, en même temps, dans l'ensemble, les plus légers : ce qui fait aisément comprendre comment, montés d'abord à la surface des magmas internes, ils ont constitué la presque
totalité des roches et surtout des roches acides. En résumé, il paraît bien difficile d'expliquer cette sorte de classification naturelle, qu'une lente métallurgie interne a produite entre les divers métaux, tout d'abord confondus dans un même creuset, sans faire intervenir plusieurs actions
distinctes : d'une part, la densité ; de l'autre, des affinités plus ou moins fortes pour certains métalloïdes, dont l'un, l'oxygène, a surtout un rôle capital dans la formation des
roches,. tandis que les autres, fluor, soufre, etc., sont plutôt intervenus dans la production des filons métallifères.
CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES GÎTES MÉTALLIFÈRES 133
Dans ces magmas rocheux, la silice, qui est, pour les roches, l'élément acide par excellence, a saturé d'abord les bases les plus fortes, c'est-à-dire les alcalis et l'alumine, puis la -chaux et, en dernier lieu, la Magnésie (*) et le fer. Suivant sa proportion plus ou moins élevée, la roche a été
acide ou basique. On a fait observer, depuis longtemps, combien la correspondance remarquable, qui existe entre le degré d'acidité
ou d'oxydation et la densité ou la profondeur originelle des magmas, était une forte preuve en faveur de l'hypothèse d'une production des roches par la coupellation progressive d'un laccolithe fluide (**) (ce qui n'exclut nullement l'absorption possible par ces magmas d'anciens sédiments, ayant pu se refondre et recristalliser dans - les roches). On retrouve, dans le détail, pour la répartition des métaux eux-mêmes dans les roches, un rapport analogue avec la densité, un peu moins précis pourtant, parce que d'autres propriétés chimiques sont intervenues. Ainsi l'élément le plus caractéristique des roches
acides, après la silice, c'est l'alumine, qui fait à peu près complètement défaut dans les silicates des roches basiques (*") (pyroxène, péridot, etc.), tandis qu'elle
entre, comme élément intégrant, dans les feldspaths, feldsl'électricité, avec des précautions spéciales pour éviter la réoxydation, ou en faisant intervenir le sodium métallique. Mis en présence de l'oxygène, ils ont toujours une forte tendance à se combiner avec lui sur-
tout, dans le cas du silicium, quand il existe, au contact, une base, comme un alcali, capable de donner un silicate fusible. Nous n'avons pas besoin de rappeler l'analogie bien connue entre le silicium et le carbone, qui fait
penser que le premier corps s'est trouvé, au même titre que le second, dans le bain métallique interne, d'où sont dérivées les roches; mais le silicium parait être parti tout entier vers l'extérieur, avec l'oxygène, tandis que le carbone est resté, sans doute, en grande partie, dans le fond métallique des creusets. On a remarqué que l'oxygène formait 50 p. 100
de la croûte terrestre superficielle, le silicium 28 p. 100, et qu'avec Palu -
minium, le magnésium, le calcium, le potassium, le sodium, le fer et le carbone, on arrive 971 ce qui montre le caractère exceptionnel 1000 des autres métaux plus lourds, probablement encore concentrés dans le noyau dense de notre globe.
pathoïdes et micas des roches acides, arrivant même à être en excès sur la composition feldSpathique-dans certaines
roches très micacées. Parmi les résultats remarquable (*) La teneur en magnésie est, bien plus que celle en fer, caraCtéristique du degré de basicité des roches. (**) C'est, dans cet ordre d'idées, un fait remarquable que la loi générale, formulée pour la première fois par M. Fouqué dans son mémoire
sur Santorin et précisée dans son ouvrage récent sur les feldspaths,
d'après laquelle, dans les roches microlithiques à deux temps de consolidation, les microlithes, formant là pète solidifiée en dernier lieu, sont toujours plus acides que les cristaux de feldspath du premier temps, infratelluriques. (*"") L'amphibole en contient pourtant une petite quantité, et l'on en trouve même dans le pyroxène.