Annales des Mines (1897, série 9, volume 12)
Page : Image 123
Révision de 17 août 2014 11:05:19, edited by Anonymes
238
ÉTUDE SUR LES GÎTES MINÉRAUX DE LA CORSE _
teau central, qui, lui, fait partie de la zone hercynienneproprement dite (*).
,Le granite et la granulite y sont de beaucoup les rochesles plus abondantes et se partagent à peu -prèspar moitié l'étendue. figurée comme granitique sur les: anciennes Cartes géologiques.
Le granite présente de belles variétés porphyroïdes, il renferme souvent de l'amphibole en même temps que du mica, et en proportion souvent assez abondante 'pour lui mériter la dénomination de granite à amphibole. Dans certains cas, le quartz fait défaut en même temps que le. feldspath devient presque exclusivement potassique et la roche. passe à la syénite. L'amphibole dans ce dernier cas. est fréquemment transformée en chlorite et épidote paradions secondaires. Les Variétés de granite passant .à la granulite- par suited'une tendance du quartz à s'individualiser sont très abondantes et rendent souvent difficile l'attribution à l'une ou l'autre de ces roches de massifs parfois étendus. Enfin le granite renferme fréquemment, sous formed'enclaves, des roches micacées et amphiboliques, qui sont des 'produits de formation antérieure sa :consolidation et qui, noyés dans le magma, n'ont 'pas été complètement refondus. (*) Voir à ce sujet l'étude d'ensemble faite par M. M. Bertrand : Sue la distribution géographique des roches éruptives en Europe (Bull.. Soc. géolog. Fr., 3, série, t. XVI, 1888). Les courbes figurées sur les cartes à très petite échelle jointes à cette.
étude devraient être, selon nous, légèrement retouchées en ce qui concerne la Corse et la Sardaigne : d'une part, en effet, 1 apophyse hercynienne ne s'étend pas sur toute la Corse, et le tiers du nord-est est à rapporter sûrement à la zone alpine ; d'autre part, tandis qu'en Corse
ces deux zones sont nettement distinctes, en Sardaigne elles che-
vauchent l'une sur l'autre sur presque toute l'étendue de File, la partie granitique de l'est qui fait suite à celle de l'ouest de la Corse étant à rapporter à la zone hercynienne, tandis que les formations tertiaires et les roches volcaniques d'Alghero, du Monte-Ferru, du golfe d'Orosei, d'Oristano, des iles Santo-Pietro et Sant'Antioco, font partie de la zona alpine.
ÉTUDE SUR LES GÎTES MINÉRAUX DE LA CORSE
239 Nous n'avons d'ailleurs aucune notion exacte sur l'âge. du granite, ou plutôt sur les différents âges il est probable que toute la masse granitique ne .correspond pas à une seule et Même 'venue (*). La granulite parait partout postérieure au granite, bien que son âge reste, aussi pour nous indéterminé. Il ne semble d'ailleurs pas qu'il y ait en Corse, la protogine mise à part, de granulite plus récente que la fin du dévonien. On ne la voit dans tous les cas nulle part affecter leS rares couches carbonifères de la région du sud-ouest. Au point de vue purement pétrographique, la granulite de Corse présente quelques; variétés intéressantes, notamment les variétés sodiques à anorthose, riebeekite et fflgyrine , où les minéraux rares sont fréquents (astro -
phyllite, zircon, fluorine, etc.). Ces roches, rares partout ailleurs, sont relativement abondantes en Corse, notamment dans le nord-ouest, aussi bien sous le type massif. que sous le faciès filonien (aphte). Les granulites du type stannifère, soit à mica blanc et tourmaline, sont à peu près inconnues en Corse.
Le type aplitique existe un peu partout et forme des filons minces indifféremment dans le granite et dans la granulite normale, il correspond donc à une venue posté-rieUre à la granulite massive. La série des mierogranulites et des porphyres est bien représentée en Corse, et toutes les variétés, sauf peut-être celle du porphyre quartzifère (type permien de l'Esterel), s'y trouvent en abondance sous les formes filoniennes et (*) Nous ne disons pas venue au jour, parce que. pour cette roche, comme d'ailleurs pour une bonne partie de la granulite massive, il
parait probable que la consolidation a eu lieu en profondeur et que ces roches n'ont affleuré à la surface qu'a la suite de soulèvements postérieurs suivis de dénudations considérables des terrains formant à ce moment la croûte superficielle. Par contre, la granulite en filons (aphte) parait être réellement venue au jour de même que les microgranulites et les porphyres, dont un certain nombre se sont visiblement épanchés en nappes plus ou moins puissantes.