Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1897, série 9, volume 12)

550

DE L'EMPLOI DES BOULONS A CHARNIÈRE

POUR MAINTENIR LES OBTURATEURS AMOVIBLES

Accident du 26 septembre 1890, dans une teinturerie à Lizy (Rhône).

Dans cet accident, comme dans

55f.

faut, que l'on peut évaluer la fatigue du métal en pareil

son

cas. La force résultant de la pression de vapeur n'est

analogue du 1°' juin 1889 (*), le couvercle ne s'est point dégagé de ses attaches par déformation ou rupture, les attaches n'ont point lâché prise par rotation autour des charnières ; mais ces attaches, qui étaient de mauvaise

souvent qu'une minime partie de l'effort qui s'exerce sur les attaches, car à cette force il faut ajouter celle résultant du serrage de chaque vis. Ce serrage est fonction du pas de la vis, de la longueur- du bras« de levier sur lequd l'ouvrier agit, de là force musculaire déployée par cet

forme et trop peu résistantes, se sont brisées. Le diamètre du récipient était 1 mètre, sa soupape devait être réglée pour la pression de 3 kilogrammes par centimètre carré; les attaches, au nombre de huit, étaient formées chacune d'une tige coudée en fer forgé, adaptée à charnière sur le bord de la cuve et dont la partie supérieure, ramenée au-dessus du bord du couvercle, servait d'écrou à une vis qui s'abaissait sur ce bord pour y faire pression. La section transversale de ces tiges coudées était rectangulaire, d'environ 0'11,046 0m,018, assez irrégulière

ouvrier. Il est telles attaches qui seraient exposées à casser par la seule action du serrage, en l'absence detoute pression dans l'appareil; et la tendance naturelle des. ouvriers à serrer lé plus possible pour assurer l'étanchéité,

en s'aidant parfois de rallonges pour augmenter le bras de levier sur lequel ils agissent, nécessite des attaches extrêmement solides, si l'on veut éviter ce genre de danger. Ajoutons à cela- que le serrage n'est jamais égal

entre les différentes attaches et qu'il s'en faut le plus souvent de beaucoup que cette égalité soit réalisée; sur-

Il a été constaté, après l'accident, que le couvercle

tout lorsque les ouvriers serrent les vis de proche en

n'avait subi que des déformations insignifiantes, mais que six

proche en suivant la -circonférence du couvercle, au lieu d'adopter un ordre de serrage méthodique mettant successivement en tension des groupes symétriques d'attaches. Enfin, dans le cas présent, les efforts résultant soit du

des huit tiges coudées étaient rompues ; la septième s'était

faussée, une seule était intacte. Les cassures se sont produites les unes dans la partie droite de -la tige, les autres dans l'angle supérieur. Elles présentaient un grain très cristallin à larges facettes, et, bien que les surfaces fussent déjà rouillées quand le service des Mines a pu faire ses constats, elles ont paru montrer des traces de fissures anciennes et de dessoudures. Pour une pression de 3 kilogrammes par centimètre carré

dans l'appareil, l'effort exercé par. la..vapeur sur le couvercle, supposé réparti également entre les huit attaches et s'exerçant suivant l'axe des tiges, aurait correspondu. pour celles-ci à un effort de 3 ou 4 kilogrammes par millimètre carré ; mais on sait que ce n'est pas ainsi, tant s'en (*) Loc. cil., p. 143.

serrage des vis, soit de la pression de la vapeur, et transmis par les vis de pression, étaient loin de s'exercer purement et simplement suivant l'axe des tiges à charnière; la forme coudée de ces tiges introduisait des efforts de flexion capables d'accroître encore singulièrement la fatigue du métal, surtout à l'angle de chaque coude.

Ce premier accident, en résumé, nous rappelle la nécessité de donner aux attaches une forme rationnelle au point de vue de leur résistance propre, une -solidité qui les mette à l'abri du danger de détérioration par les serrages les plus énergiques à prévoir, et de les calculer en prévision d'une répartition éventuellement fort inégale de l'effort total à supporter.