Annales des Mines (1897, série 9, volume 12)
Page : Image 321
Révision de 4 févr. 2015 22:28:02, edited by Anonymes
634 NOTE SUR LES SOURCES MINÉRALES DE POUGUES
constante, le débit au niveau 'B atteindrait instantanément
sa valeur constante de régime. Mais cela n'est pas, et il faut en conclure par conséquent que la dépression ne se propage que lentement et progressivement autour du point où la cheminée ascensionnelle de la source atteint le calcaire. S'il s'agissait d'eau ordinaire, pratiquement incompres-
sible, il semble que cette propagation de la dépression devrait être- très rapide; il peut en être autrement pour une eau chargée de beaucoup de gaz carbonique, bien que cependant il ne soit guère probable que du gaz libre non dissous existe aux pressions qui règnent dans le calcaire (*) ; l'explication se trouve avec plus de vraisem-
blance dans la baisse successive du niveau des eaux douces aux points de plus en plus éloignés où elles communiquent avec le calcaire. Qu'elle qu'en soit la raison,le fait est bien établi, la dépression se propage très. ientement.: il a fallu quatre jours pour que l'effet du jaillisse-
ment de la source Alice commençât à se faire sentir a la source Saint-Léger, située à 800 mètres de distance environ, et des mois pour que le régime nouveau fût établi (""), Il en est de même quand on modifie le régime en abaissant le ni-veau de A en B, comme nous venons de le supposer. Si maintenant on a maintenu longtemps
source au niveau B, la dépression a eu le temps de se propager très loin dans le calcaire ; et si ensuite on arrête
l'écoulement pour laisser l'eau s'élever dans le puits, la vitesse d'ascension au début résulte du débit diminué, (*) Si l'eau était saturée de gaz dans le calcaire, elle contiendrait par litre environ 11 grammes de gaz carbonique non combiné. Mème en tenant compte de la dilution par les eaux douces, ce chiffre paraît peu vraisemblable. (**) En juin 1891, par exemple, c'est-à-dire après quatre mois, Saint-
Léger débitait encore en régime permanent 8 à 9 litres par minute à 2-,10 an-dessous de l'ancien trop-plein, soit à 2..,40 .environ au-dessus du niveau où l'on retrouve aujourd'hui te Mêrrie débit.
NOTE SUR LES SOURCES MINÉRALES DE POUGUES
635
elle est faible. Mais, à mesure que la source s'élève, la dépression diminuant ainsi que le débit, la charge statique initiale, que l'on ne, trouvait après l'écoulement prolongé que très loin- de la source, se rapproche peu à peu pour atteindre le pied de la colonne ascensionnelle quand le niveau maximum est rétabli, quand la vitesse d'ascension est devenue nulle. Pendant l'ascension, la vitesse en un niveau C a été à chaque instant moindre que celle qui serait résultée de la dépression A C, si celle-ci n'avait pas eu le temps de s'étendre au loin. Si, au contraire, immédiatement après avoir abaissé le niveau en B, on laisse l'eau s'élever sans écoulement, la dépression n'a pas eu le temps d'atteindre des points bien éloignés de la source, et la vitesse d'ascensiofi résulte du débit en B aussitôt après la dénivellation, débit beaucoup plus grand que le débit de régime. Ainsi, en résumé, une dénivellation même très forte, maintenue pendant peu de temps, est récupérée rapidement; tandis qu'après une dénivellation même faible, mais
prolongée, le niveau ne se rétablit qu'au bout de long temps. Ces phénomènes s'observent avec une régularité parfaite sur les sources de Pougues, aussi bien sur la source Alice que sur la source Saint-Léger. Depuis que l'on a adopté pour cette dernière la méthode de tirage à grand débit et pendant un petit nombre d'heures, on a obtenu non seulement une amélioration de la qualité de l'eau, comme on l'a vu plus haut, mais un rétablissement journalier plus rapide du niveau statique.
Ces .lois ne sont pas spéciales aux sources de Pougues ; elles s'appliquent à toutes les sources jaillissantes. Seulement le mode et la vitesse de propagation de la dépression dépendent de la nature du terrain, du nombre, de la disposition et de la largeur des conduits souterrains. Quand la propagation des dépressions est rapide, on voit le débit, à chaque niveau, atteindre rapidement sa valeur