Annales des Mines (1898, série 9, volume 14)
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ÉTUDE SUR CERTAINS ACIERS- SPÉCIAUX
ÉTUDE SUR CERTAINS ACIERS SPÉCIAUX
Notre travail comprend plusieurs parties. La première se rapporte à des généralités sur l'emploi du nickel et du chrome dans les aciers. Les trois chapitres suivants, dont- le plus important a trait au métal NC4, constituent en quelque sorte des monographies des trois aciers au nickel que nous avons particulièrement étudiés, et la dernière partie se rapporte à l'acier au silicium. Enfin, dans
la conclusion générale qui termine notre travail, nous avons essayé d'indiquer le parti qu'on peut tirer de ces divers alliages.
GÉNÉRALITÉS SUR L'EMPLOI DU NICKEL ET DU CHROME DANS LES ACIERS.
De l'emploi du nickel et du chrome dans les aciers à blin-
Le chrome est, en date, le premier métal qu'on ait songé à introduire dans les aciers tels que lés aciers à blindages, pour allier une certaine malléabilité à la dureté nécessaire. Dès l'année 1878, l'usine Holtzer a fourni à la Marine des tôles en acier chromé de 4 millidages.
mètres et 15 millimètres, destinées à protéger les servants des canons. Ces tôles, quoique très dures, devaient -pouvoir- être pliées à froid sur un mandrin dont les deux faces étaient raccordées par une partie cylindrique d'un rayon égal à leur épaisseur. - Dès l'année 1888, l'usine Saint-Jacques, à Montluçon, a cherché à améliorer la qualité 'des aciers à blindages proprement dits par des additions de chrome. A cette époque, elle a fabriqué et expérimenté, à titre d'étude,
une série de plaques d'acier de duretés graduées, et, en 1889, une de ces nuances d'acier à base de chrome fut appliquée à la fabrication des blindages minces des cuirassés grecs Spetzia et Hydra.
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Les deux plaques d'épreuve de ces fournitures, essayées
à Gâvres, obtinrent, le 20 juin et le 12 décembre 1889, la mention satisfaisante n° 4. La teneur en carbone de
ce métal ne dépassait pas 0,45 p. 100, et la dureté, d'ailleurs assez faible, était obtenue par une teneur en chrome de 1,80 p. 100 en moyenne.
A cette époque, l'introduction des blindages minces dans la protection des navires augmenta notablement les rigueurs de l'essai de tir ; le calibre du projectile employé
pour le tir était, en effet, relativement plus élevé pour les plaques minces que pour les plaques de 20 centimètres
d'épaisseur et au dessus. L'impossibilité d'employer le métal mixte, démontrée- par l'essai d'une plaque d'étude de 10 centimètres, fabriquée par MM. Marrel frères, la médiocrité des résultats donnés par l'acier au carbone ont conduit à la recherche des aciers spéciaux obtenus par l'introduction dans le métal ordinaire au carbone et au manganèse de métaux étrangers, tels que le nickel et le chrome.
Depuis quelque temps déjà, l'attention des métàllurgistes avait été appelée sur l'augmentation de ténacité produite par l'introduction dans l'acier de proportions variables de nickel. C'est le Creusot, qui, -le premier, a essayé l'emploi de
ce métal dans la fabrication des blindages, et, dès la fin de 1888, il a exécuté en nickel-acier les lots A et B de la ceinture mince du Dupuy-de-Lôme, ,Nous ne connaissons pas la composition moyenne des plaques de ces lots, mais nous avons eu l'analyse de deux plaques supplémen-
taires qui ont été expédiées à Gâvres en vue d'essais: comparatifs et qui contenaient, avec 0,30 p. 100 de car-bone environ et 0,50 p. 100 de manganèse, une proportion de nickel voisine de 2,5 p. 100. Toutes ces plaques ont été trouvées au tir très brisantes et n'ont donné que des résultats médiocres.