Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1898, série 9, volume 14)

260

ÉTUDE SUR CERTAINS ACIERS SPÉCIAUX

martèle assez bien ; mais il est dur et, dès que la température s'abaisse au-dessole du rouge cerise, il s'écrouit telle sorte que l'effet du marteau devient presque nul. Il

s'est produit, eh outre, à chaque chaude, des criqûres superficielles dont le burinage a été très difficile ; le burin

s'émoussait rapidement, et le copeau, au lieu de se soulever et de se trancher, se refoulait. Il convient de signaler -enfin que l'absence de contre-forgeage due à la grande largeur du lingot a déterminé dans les dernières chaudes des criqûres assez importantes sur les faces non forgées. Le. travail du bloom dans l'usine de M. ,Lacombe a été

tenté sans sucCès. En voulant percer un trou au poinçon en a pour découper le bloom, comme l'indique le croquis ci-contre, on a, dès les premiers coups de marteau, cassé la pièce en FIG. 2. deux. L'usine d'ImphY attribué cet échec à un excès .de chauffage et à l'absence de contre-forgeage déjà signalée. On a vérifié, en effet, des Morceaux, après un léger forgeage dans tous que les sens, a pu supporter assez bien le 'poinçonnage. Le lingot de 1.600 kilogrammes a servi à fabriquer un tube de canon pour l'arsenal de Bourges. Le forgeage du tube s'est fait sans difficulté ; mais le tournage a mis en CL.

évidence des veines nombreuses, qui étaient d'ailleurs presque toutes d'un même côté et le long d'une même génératrice. Les essais de traction pratiqués sur le tube ont permis

de reconnaître les effets de la température de forgeage et de la trempe. Malgré un corroyage qui atteignait 9, une barrette de traction, prélevée dans une rondelle découpée à l'extrémité dé la pièce, n'a donné que 68"g,6 de charge à la rupture avec 21,5 p. 800 d'allongement, et là Cassure ressemblait à du bois pourri. Ce phénomène,

ÉTUDE SUR CERTAINS ACIERS SPÉCIAUX

261

dû à un reste, de cristallisation, devait être attribué à la faible valeur de la température à laquelle l'usine avait opéré le forgeage dans le but d'éviter des criqûres. a d'ailleurs pu faire disparaître entièrement la cristallisation en trempant trois fois au rouge cerise la rondelle qui avait servi au premier essai de traction ; une nouvelle

barrette découpée après cette opération a donné une charge à la rupture de 73 kilogrammes avec 50 p. 100 d'allongement et 54 de striction. On a, en outre, constaté très nettement l'amélioration du métal due à la trempe, par la cassure toute soyeuse que présentait la rondelle ; enfin le tour a pu détacher des.copeaux élastiques et résistants au lieu des copeaux courts que l'on avait obtenus d'abord.

Les lingots de 250 kilogrammes ont été laminés en disques de 5 et 10 millimètres d'épaisseur, qui ont été trans-

formés en tubes sans soudure par M. Brunon, de Rivede-Gier, après avoir été bien décapés à l'acide sulfurique et complètement débarrassés de toutes les pailles par un burinage soigné.

L'emboutissage et le laminage à chaud sur mandrins, qui constituent les premières opérations de la fabrication des tubes, n'ont révélé aucune difficulté spéciale résultant de l'emploi de l'acier à haute teneur en nickel ; mais l'étirage final qui se fait à froid est très dur et nécessite une

grande puissance. Cette dernière phase du travail est beaucoup plus longue qu'avec les aciers ordinaires ; on est obligé de faire des passes moins fortes, et il faut avoir

soin de tremper le tube entre chaque passage pour l'adoucir. A la première passe d'étirage à froid, des criqûres assez importantes se sont produites ; mais, dès la deuxième passe, elles avaient presque disparu. M. Brunoh a attribué la formation de ces criqûres aux côtes que présentait le tube au sortir du laminoir ; le métal étant inéga-

lement étiré, certaines parties subissent un travail trop considérable. Les criqûres ont pu être évitées dans la