Annales des Mines (1898, série 9, volume 14)
Page : Image 172
Révision de 4 janv. 2015 05:34:53, edited by Anonymes
332
ÉTUDE SUR CERTAINS ACIERS SPÉCIAUX
ÉTUDE SUR CERTAINS ACIERS SPÉCIAUX
bault et d'Imphy, la mise en évidence des propriétés remarquables de ce métal aux fibres longues et soyeuses, de teinte gris argent, doit être attribuée au recuit final au bois flambant. Avant ce recuit, l'acier casse à grain fin et
présente une grande fragilité ; la transformation de la texture serait due, par suite, à une dissociation des combinaisons définies fournies par le silicium avec le carbone et les gaz occlus, dissociation qui se produirait entre 400°
et 450° et amènerait, avec la précipitation du carbone à l'état de graphite spécial, une diffusion des gaz dans les porosités des granulations primaires du métal coulé. Ces vdes ont paru confirmées au cours de nos essais par la cassure d'une barre ronde de 40 millimètres qui avait été traitée dans de bonnes 'conditions et qui présentait au centre un vide entouré de fibres allongées. Dès l'année 1888, paraît-il, l'acier au silicium a été essayé par le Creusot, et appliqué à la fabrication des tôles de 15 millimètres d'épaisseur pour masques d'affûts.
Le métal aurait supporté, sans se rompre,. un grand nombre de coups d'un canon-revolver de 3 millimètres, la pointe des obus était enveloppée à l'arrière par les lèvres
relevées de la tôle. L'usine d'Imphy a exécuté des essais analogyes sur des tôles minces de 5 et 7 millimètres d'épaisseur, qui présen-
taient une texture très nerveuse et qui se sont montrées cette fois très résistantes, peu fragiles et très élastiques. L'usine de Saint-Étienne a également confectionné, en 1893, pour le Chaîner, des tôles en acier durci qui présentaient déjà une .teneur en silicium assez élevée et qui avaient la composition suivante Carbone Manganèse. Silicium Soufre
Phosphore
0,68 0,50 0,40 0,01 0,01
a
333
L'ensemble des résultats des essais indiqués plus haut engagé l'usine .d'Imphy à vérifier les propriétés de
l'acier à très haute teneur en silicium sur des. barres rondes forgées. D'après ce -qui nous a été ,dit un rond de 40 millimètres, traité dans les mêmes ,conditions que l'acier pour ressorts de qualité supérieure, aurait donné les mêmes résultats à la traction et aurait présenté une texture très nerveuse qui le rendait très résistant au choc. Imphy a donc proposé l'acier au silicium aux ateliers de construction de Puteaux, qui recherchaient un métal très résistant et très élastique pour la fabrication des essieux des affûts d'un canon à tir rapide sans recul, imaginé par le colonel Deport. Un lot important de barres aurait été par suite livré à Puteaux pour cet emploi spécial et aurait donné, tant aux essais physiques qu'aux essais de tir, des résultats très satisfaisants. En vue des essais qui nous étaient prescrits, nous avons commandé à Imphy un lingot dont la partie saine à nous livrer devait peser 2:000 kilogrammes. Coulée du lingot d'acier au silicium fourni à Guérigny.
Le lingot d'acier au silicium, qui nous a été fourni par l'usine d'Imphy -a été coulé le 22 .mai 1895.
L'opération n'a duré que six heures et a été conduite de la même manière que les opérations ordinaires au four acide. L'affinage a été poussé jusqu'à ce qu'une éprouvette prélevée dans le bain accusât une résistance de -42 kilogrammes. environ ; ce point était atteint -quatre heures et demie après la première charge. A ce moment, on a jeté sur le bain 15 à 20 kilogrammes de coke en poudre pour arrêter l'affinage, et on a introduit dans le four, après les avoir préalablement .chauffés, les 700 kilogrammes -de, ferro-Silicium nécessaires pour donner à rader la teneur voulue en silicium ; enfin, avant de couler, on a ajouté, cornme d'habitude 25 kik:grammes de ferro-manganèse.