Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1899, série 9, volume 15)

30 MÉMOIRE SUR DES PHOSPHATES NOIRS DES PYRÉNÉES

posés qui ont été longtemps exposés à l'air. Ils se délitent alors suivant leurs zones d'accroissement tantôt en conservant au centre une partie intacte; tantôt au contraire ils se vident, conservant une croûte extérieure solide. On trouve souvent, dans les nodules encastrés dans le rocher et exposés à l'air, la partie centrale transformée en un sable gris clair ou même tout à fait blanc, qui est constitué par du phosphate tribasique pur. C'est probablement à des phénomènes de décomposition secondaires et relativement récents de ce genre, que sont dues les concrétions mamelonnées et translucides qui avaient été analysées par M. Damour et dont j'ai parlé plus haut. J'ai trouvé moi-même, moulé dans un creux laissé dans un bloc de phosphate noir, un nodule tendre constitué par

un résidu sableux gris blanchâtre, que M., Ad. Carnot, Inspecteur général des Mines, Directeur du. Laboratoire de l'École .des Mines, a bien voulu analyser. Voici les chiffres qu'il m'a obligeamment communiqués Eau et matières organiques Insoluble dans l'acide Acide phosphorique Chaux Magnésie

Alumine et oxyde de fer Fluor

6.52 12.80 31.98 42.12 0.18 3.25 2.81 99.66

Près de la surface, les fentes qui séparent les blocs de roche phosphatée sont tapissées de wavellite et de phosphates divers, qui donnent à la roche des irisations multiples. Ce fait n'a d'ailleurs rien d'étonnant, quand on songe que le phosphate noir contient une forte proportion de matières organiques qui, en se décomposant à l'air, donnent naissance à de l'acide carbonique qui agit en solution dans l'eau, comme un puissant dissolvant du phosphate de chaux-.

MÉMOIRE SUR LES PHOSPHATES NOIRS DES PYRÉNÉES 31.

Dans les parties tendres, schisteuses, de la couche, les nodules ont souvent conservé leur forme initiale parfaitement sphérique ; toutefois ce n'est pas le cas général. C'est sous forme ,d'ellipsoïdes aplatis présentant même une sorte de ligne de suture sur leur méridien principal que se rencontrent ces matières. Aussi ces nodules, simplement séparés de la gangue phosphatée qui les enrobe, par un criblage à la pelle sur une claie, ressemblent à s'y méprendre à ces agglomérés ovoïdes, faits avec des charbons maigres, qui sont maintenant d'un usage si courant pour le chauffage domestique. Il est à remarquer que l'aplatissement des nodules est d'autant plus marqué que la matière qui les entoure estelle-même plus résistante. On ne trouve guère de nodules sphériques intacts que dans les portions schisteuses de la couche. Dans le phosphate noir, les nodules sont presque toujours aplatis, ellipsoïdaux et même déformés, mais ne forment pas d'amandes Enfin, dans les phtanites (lydites), ils sont réduits, comme je l'ai dit plus haut, à l'état lenticulaire, avec une 'épaisseur qui ne dépasse pas, en moyenne, 1_ à 2 centimètres.

Dans l'un ou l'autre de -ces cas, la séparation entre les nodules et la gangue qui les entoure est toujours très nette. Ainsi que nous allons le voir, cette gangue est elle-même

phosphatée, et c'est là lin caractère qui différencie nettement les nodules de phosphate noir des Pyrénées, de, ceux du gault et des grès verts ou des coquins de l'Argonne, dont la gangue est stérile ; mais la différence de teneur des deux éléments, nodules et ciment qui les relient est telle, que la concentration de l'élément phosphore dans les nodules, est des plus tranchées. On voit pour conclure cet exposé, que les caractères des phosphates noir S des Pyrénées sont, comme je l'ai déjà fait remarquer à la fin de l'exposé historique, absolument

identiques à ceux du Tennessee, à tel point que la des-

.