Annales des Mines (1899, série 9, volume 15)
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52 MÉMOIRE SUR LES PHOSPHATES NOIRS DES PYRÉNÉES
MÉMOIRE SUR LES PHOSPHATES NOIRS DES PYRÉNÉES 53
nien qui passe, vers son extrémité méridionale, sous la
de
montagne dont le versant Sud fait partie du bassin du
vallée de Lescun, derrière le village de Lescun, où le gîte
montagne de Las Gourgues, formée de schistes houillers,
ruisseau de Labrenère, autre affluent de droite du Gave de Lescot'. Gisements du Roc Manaudas. Ce piton porte dans le pays le nom de Roc Manaudas. C'est grâce à cet anticlinal que la couche phosphatée se trouve mise en évidence sur le flanc du Roc Manaudas, et c'est grâce à ce soulèvement remarquable, signalé par tous les géologues qui
ont écrit sur la région, qu'on a pu tenter quelques
recherches sur cette couche, recherches qui. comme je l'ai dit dans l'historique qui précède, avaient pour objet la découverte de l'anthracite ou de la houille. Ce qu'il y a de plus curieux dans ce gisement phosphaté, le premier qui ait été reconnu. en date, c'est qu'il constitue en réalité, comme on le verra plus loin, un accident dans la formation phosphatée qui se trouve, géologiquement parlant, au-dessus et par conséquent en dehors
du calcaire dévonien ou griotte, au contact de ce calcaire et des schistes sus-jacents et non au sein de ces calcaires eux-mêmes. Ce n'est que dans les régions plissées, tourmentées, que le phosphate a été injecté dans les plissements calcaires. Nous en verrons des exemples tout à fait probants dans les coupes que je donne pour Las Cabesses. Le Roc Manaudas est, en un mot, une forme accidentelle du gisement normal des phosphates noirs des Pyrénées.
C'est là un point important à bien élucider; car le
gisement du Roc Manaudas, s'il était seul connu, tendrait à donner une notion inexacte du niveau phosphaté et à faire diriger les recherches pour retrouver le prolongement du niveau, non pas sur le contact des- schistes, mais au sein même du calcaire.
La coupe en travers Est-Ouest de la vallée a permis
reconnaître le gisement sur l'autre versant de la
se trouve bien dans sa disposition normale au contact entre schiste et calcaire. On a ainsi la coupe générale de la vallée de Lescun, représentée fig. 13, Pl. I, qui complète la coupe analogue du Roc Manaudas donnée par M. Sennes, dans son ouvrage déjà cité. Le calcaire de Roc Manaudas n'a pas l'aspect carac-
téristique de la griotte franche. C'est un calcaire gris, à cassure esquilleuse, parfois amygdalin, surtout au voisinage de la couche phosphatée. Au toit de cette dernière se trouve un banc épais de O,20 environ, pétri de fossiles.
J'y ai trouvé notamment le Spirite? Verneuili et des articles d'encrines par masses compactes, ce qui caractérise le dévonien supérieur. Le faciès griottique du calcaire dévonien supérieur, si caractéristique dans toute la partie orientale des Pyrénées, fait d'ailleurs défaut dans toute la région occidentale. Il ne se manifeste guère qu'à l'Est du méridien de Montrejeau. La puissance de la couche phosphatée de Roc Manaudas ne dépasse pas 1 mètre à lm,50. La nature du minerai est du phosphate noir contourné avec de très rares nodules de petites dimensions. L'analyse de ces matières a été donnée précédemment. An-delà du ruisseau de Labrenère, la couche phosphatée prend plus de régularité et plus d'épaisseur. Elle se
rapproche aussi de son gisement normal, entre schiste et calcaire, et au lieu .dit bois de Larrassiette, les schistes se trouvent au pied de l'escarpement sur lequel un chantier a été ouvert dans le phosphate. Ces schistes alternent dans cette région avec des bancs de grès résistants, qui forment, en face du chantier en question, une pyramide ou aiguille pointue, qui se voit depuis le village de Lescun.