Annales des Mines (1899, série 9, volume 15)
Page : Image 56
Révision de 4 févr. 2015 03:20:13, edited by Anonymes
EMPLOI DE L'ÉLECTRICITÉ
DANS LES MINES A GRISOU EN ANGLETERRE
anglaises, le danger du grisou n'y est, en général, nullement apparent, lorsqu'on se borne à gagner les tailles par
qu'aucun de. ceux que nous avons .vus ait eu à s'opposer à telle ou telle installation projetée dans des conditions. dangereuses. Les exploitants, nous le répétons, ont été les premiers. à reprocher à l'électricité les dangers d'incendie et d'inflammation des gaz qu'elle apporte avec elle. Cette opposition de leur part provenait à la fois, croyons-nous, du danger réel, et aussi d'une certaine inexpérience du personnel qui dirige les exploitations houillères. On sait comment est formé ce personnel en Angleterre : cinq ans de pratique comme ouvrier ou employé dans une mine ; un examen sur des matières visant uniquement l'exploitation; telles sont les conditions suffisantes pour être chargé de diriger une exploitation. Sans doute les Compagnies prospères possèdent des directeurs pourvus- d'une très solide instruction ; sans doute l'enseignement technique se développe ; mais il le fait lentement, plus lentement que
104
les chemins d'entrée d'air. Au reste, pour nombre des
appareils dont nous avons parlé, le danger de la présence
du gaz au voisinage du courant paraît très réduit. Les treuils de traînage sont, ou très près des puits d'entrée' d'air, ou, en tous cas, très loin des travaux. Les pompes, sont aux points les plus bas de l'exploitation. Il n'y a presque jamais de cul-de-sac d'une longueur importante, et d'ailleurs, y en eût-il, qu'il ne serait pas question d'y placer des appareils électriques ; cartes ventilateurs secondaires et les perforatrices sont des appareils bien peu connus dans les houillères anglaises. Pour toutes ces raisons, l'emploi de l'électricité dans les mines même grisouteuses devait paraître possible en Angleterre, et les constructeurs d'appareils électriques devaient naturellement tenter de grands efforts pour se créer de ce côté un débouché qu'une production de près de 20.0 millions de tonnes permettait de croire sans limites.
L'objection du danger provenant, surtout dans les mines grisouteuses, des échauffements, des étincelles et des arcs voltaïques, fut immédiatement mise en avant, non pas, comme en Belgique, par l'Administration, mais par les exploitants eux-mêmes. L'Administration, disons-le dès à présent, n'a jusqu'ici proposé aucune mesure réglementaire visant les emplois de l'électricité dans les mines. en général, ni dans les mines à grisou en particulier ; on sait d'ailleurs que ce dernier terme n'a pas, en Angleterre,. de sens défini. Dans les règlements généraux, résultant des textes de la loi de 1887 et de la loi de 1896, il n'est.
rien prévu à ce sujet, nous n'avons nulle part entendu dire que les règlements particuliers se préoccupent de la question. Quant aux Inspecteurs des mines, ils nous ont paru être hostiles à l'emploi de l'électricité dans les milieux grisouteux ; mais nous n'avons pas connaissance
Er>
partout. ailleurs. D'autre part, sans que nous puissions à ce sujet formuler
une opinion appuyée sur des faits et des chiffres précis, il semble que les emplois de l'électricité comme force. motrice aient fait en Angleterre; d'une manière générale,. moins de progrès qu'en AlleMagne, ou en Belgique, ou en France. C'est ainsi que nous avons pu parcourir l'Angle-
terre du Nord au .Sud pendant plusieurs semaines, en stationnant surtout dans les grandes villes, sans constater'
l'existence d'une seule ligne de tramways électriques c'est ainsi également que, d'après des renseignementS que nous avons tout lieu de croire exacts, on aurait cherché en vain, en Angleterre, au commencement de 1898, une maison de construction établissant des moteurs et générateurs pour courants polyphasés.
Ce retard des hommes et des choses, et cette espèce de crainte que professent, plus peut-être en Angleterre qu'ailleurs, les personnes mal éclairées pour tout ce qui